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La Société de
Saint-Vincent de Paul, répandue sur tous les points du globe, ne cesse depuis
plus d’un siècle d’exercer sa mission humanitaire.
L’obligation
que lui impose sa Règle de visiter hebdomadairement les pauvres chez eux, lui
permet, en découvrant tant au plan matériel que moral, de nouveaux besoins
d’entreprendre les formes d’assistance appropriées.
Fondation :
La Société de
Saint-Vincent de Paul (SSVP), est la première œuvre de bienfaisance laïque créée
au Proche-Orient. Elle fut fondée à Beyrouth le 7 mai 1860 par un groupe de
bénévoles ayant à leur tête le Père Estèves, Supérieur de la Mission des Pères
Jésuites, Pierre Deschamps, Consul Général de France à Beyrouth, et quatre
libanais généreux et fervents :Raji Eddé,Michel Farjallah,Nicolas Komaty et
Antoine Eid Sabbagh.
La
société de 1860 à 1914 :
Plus tard, sur
l’instigation de notre siège de Beyrouth, des « Conférences » (équipes locales)
de la Société de Saint-Vincent de Paul ont été fondées dans diverses localités
de Beyrouth, et du Mont-Liban, ainsi qu’à Damas, Alep et dans d’autres villes du
Wilayat de Damas( Syrie actuelle), ainsi qu’en
Palestine et en Egypte.
La
Société, à peine constituée à Beyrouth, organisa des secours d’urgence et créa
une école gratuite en 1861.Grâce à l’appui du Corps Expéditionnaire français, et
en particulier des généraux Ducrot et Chanzy, elle vint en aide cette année-là
aux nombreux réfugiés du Wilyat de damas (Syrie actuelle) et du
Mont Liban qui affluaient
en masse à Beyrouth. La location de
trois foyers pour accueillir les vieux et les orphelins s’est avérée urgente.
Le Pape Pie IX,
voulant encourager la Société, lui fit un don de vingt mille francs or, grâce
auquel elle put acheter le bien-fonds du centre ville ou seront construits
l’école Saint-Vincent, le Siège de la Société et la Chapelle, grâce au legs des
familles Béchara Khouri,Nasrallah de Tarrazi,Moussa de Freige,Hani, Salloum
Bassoul et François Diab.
Revenant à cette première année de le fondation, la Société eut aussi un autre
protecteur : le Vali Fouad Pacha, représentant
de la Sublime Porte, accorda sa protection
et un subside de trois cent livres Turque or sur sa cassette personnelle, pour
développer nos œuvres.
A cette époque,
l’Abbé Lavigerie, devenu par la suite Cardinal Primat d’Afrique, envoyé en Syrie
par l’Oeuvre des Ecoles d’Orient, distribua, par les soins de notre Société, la
plus grande partie des secours que lui avait donnés Paris, et qui s’élevaient à
plus d’un million de francs or.
Puis, ce furent
les dures années de 1865 et de 1875 où le choléra, sévissant avec violence, fit
à Beyrouth de très nombreuses victimes. La Société installa des ambulances
dans les quartiers populeux de la ville et, avec le concours de nos frères
musulmans, elle mit tout en œuvre pour isoler les malades et leur donner les
soins voulus.
Vinrent ensuite
en 1882 l’insurrection d’Arabi Pacha en Egypte suivie de l’exode au Liban d’un
grand nombre d’égyptiens au. Le Vice-président d’alors, Béchara Khoury,
accomplit avec ses confrères des prodiges de dévouement pour subvenir aux
besoins des réfugiés et les rapatrier en Egypte après la fin de l’insurrection.
Deux navires furent affrêtés à cette intention, au nom et aux frais de la
Société.
Dans toutes ces périodes d’épreuves, les Valis Turcs de Beyrouth et les
Mutassarifs du
Mont-Liban et du wilayat de Damas(
Syrie actuelle), notamment Daoud Pacha, Franco Pacha, Rustom Pacha, Naoum Pacha, et enfin,
Ohannès Couyoumdjian Pacha, visitaient notre Société et lui prodiguaient des
subsides annuels importants.
Les consuls
généraux de France, et d’autres puissances ainsi que des amiraux, au cours de
leurs croisières au Levant, nous donnaient constamment des témoignages de
l’intérêt qu’ils portaient à la Société. Les Patriarches, les Délégués
Apostoliques et les prélats des différentes communautés, présidaient à tour de
rôle les Assemblées Générales et appuyaient nos œuvres de charité.
Les
Missionnaires : Capucins, Jésuites, Franciscains, Frères Maristes, Lazaristes et Filles de la
Charité, si étroitement liés à notre Société, s’empressaient tous de nous prêter
leur assistance. Les Frères des Ecoles Chrétiennes en particulier, qui ont
bien
voulu répondre
à l’appel du Vicomte Philippe de Tarrazi ,en venant s’installer à Beyrouth ,
résidèrent pendant une quinzaine d’années à l’Ecole Saint-Vincent où ils commencèrent
leur admirable mission d’éducateurs en 1887. De là, ils rayonnèrent au
-MontLiban et au Wilayat de damas( Syrie
actuelle). Le Conseil Supérieur de la Société à Beyrouth, leur confia la direction
de l’école gratuite, qui comptait à l’époque près de cent cinquante élèves.
Signalons au passage, que des antennes locales dispensaient aussi des cours
agricoles et professionnels. Ces écoles furent les premiers établissements
gratuits fondés dans le pays.
La
Société Pendant la Grande Guerre 1914- 1918
Longtemps
après, survint la Première Guerre Mondiale (1914-1918). Nous avons présents à la
mémoire les ravages considérables qu’elle fit
à Beyrouth,au Mont-Liban et
au Wilayat de Damas, du fait de la
famine, de la mort des conscrits tués sur divers fronts, et des épidémies.
La Société
procéda, à la fin de l’année 1915, à une levée de fond que le Vali Turc de
Beyrouth, Békir Bey, accepta de prendre sous son haut patronage. C’est ainsi que
des « bons de souscription » circulèrent en ville portant en gros caractères
l’emblème du Croissant et le nom de Békir Sami Bey, Vali de Beyrouth, avec
l’entête de la Société de Saint-Vincent de Paul et ce passage de l’Evangile
inscrit dessus : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger, J’avais soif et
vous m’avez donné à boire, J’étais malade et vous m’avez visité ».
Cette levée de
fonds, qu’appuyait des notables Beyrouthins, tous membres honoraires de la
Société, eût un grand succès. Elle permit l’achat de blé et de farine sur le
marché local, et la distribution hebdomadaire avec d’autres vivres, aux pauvres
de toutes les confessions.
La Marine
française, envoyait à la Société, des émissaires qui apportaient, pour être
distribués à la population angoissée et affamée, des subsides importants en
monnaie d’or et d’argent.
En Octobre
1918, les autorités françaises eurent pour premier souci d’assurer le
ravitaillement du pays qui était épuisé. Il fallait surtout sauver ce qui
restait de cette pauvre population de Beyrouth et du Mont-Liban, qui était décimée par la famine et
les maladies. Là encore, nous retrouvons un vincentien. Philippe de Tarrazi est
nommé responsable de la commission de distribution. La Société avait mis à sa
disposition ses locaux et dépôts.
Cette œuvre de
salut public, à laquelle la Société de Saint-Vincent de Paul
eût l’honneur de contribuer, coûta au budget français
plusieurs dizaines de millions de francs.
Œuvres :
Tels sont
les faits à retenir depuis la fondation de la Société durant cette période de
son histoire difficile,notamment : visite hebdomadaire à domicile, visite des
hôpitaux et des prisons, soins médicaux, collaboration avec les pouvoirs
publics, secours en tous genres notamment en bons de farine, enseignement
gratuit, patronages, cercles d’études, Œuvres de piété, dispensaires, asiles de
vieillards, faciliter le mariage des filles pauvres en les dotant , placement
de chômeurs, service des loyers, rapatriement des étrangers ; bref, la Société
de Saint-vincent de Paul n’a négligé aucun moyen pour donner à son assistance
une diversité de moyens répondant ainsi aux besoins des classes défavorisées.
Tout ce qui
précède, démontre la continuité d’une œuvre de charité éminemment sociale :
française par son origine, libanaise par son action, internationale par son
esprit, et interconfessionnelle par son approche humaine.
C’est ce qui
explique l’image particulière de la Société de Saint-Vincent de Paul, dans le
monde socio-confessionnel libanais.
Siège
central du Liban
Depuis sa
création jusqu'à
la fin de la deuxième Guerre mondiale, la Société de Beyrouth a compté sept présidents. Les
deux premiers : Pierre Deschamps( d'abord président de la seule et
unique conférence,Conférence Notre Dame, qui était à elle seule toute la Société
,avant qu'en 1863 la Société ne s'agrandisse, mais qui redeviendra président
national en 1867 et jusqu'en 1990) et Joseph Portalis
(premier Pésident National élu le 20 décembre 1863), de nationalité française,
l’ont dirigée pendant ses trente premières années. Les quatre suivants : Béchara
Khoury, le vicomte Philippe de Tarrazi, Antoine Chehaybar, et Chucri Ghalaïni,
de Communautés différentes, l’ont servie durant cinquante années consécutives.
Le septième en exercice est le Baron Pierre de Lassus.
La Société est
administrée par un Conseil Central qui groupe sous sa juridiction douze
conférences à Beyrouth, se partageant les divers quartiers populeux de la ville
et de nombreuses équipes dans différentes localités libanaises, dont celles de
Tripoli et de Jounieh.
Mentionnons aussi l’équipe de Bickfaya ( Mont-Liban), rendue si vivante dès sa création grâce
à l’activité de Dr.Amine Gemayel qui, s’est dépensé sans compter au Siège
Central de la Société dispensant ses soins médicaux aux pauvres sans
discrimination aucune sur le plan religieux.
De plus, le
conseil pensait déjà à l’intégration de consoeurs aux Conférences. Un projet en
ce sens était étudié afin de créer des équipes de dames distinctes, au sein des
conférences.
Les
Vincentiens, appartenaient à l’élite intellectuelle du pays. Ils sont recrutés
dans tous les rites, toutes les professions et reçoivent de plus en plus de
demandes d’élément jeunes.
Les
bienfaiteurs appartenaient aux confessions et aux communautés les plus variées.
Il nous faut
rappeler, que durant cette période, de nombreux français, notamment les généraux
Gouraud et Weygand ont été membres de la Société de Saint-Vincent de Paul.
La
Deuxième Guerre Mondiale :
Levée de
fonds
Bien que cette
guerre n’affectait pas le Liban directement, des besoins sociaux et matériels de
certaines catégories continuaient à se faire sentir. Toujours est-il qu’avec la
cherté croissante de la vie et les menaces d’un sombre avenir, les pauvres et
les chômeurs augmentent sans cesse, malgré tous les efforts pour leur trouver du
travail, leurs ressources s’épuisent, et leur situation empire de jour en jour.
Aussi, le
conseil Supérieur, devant la crise aiguë qui s’annonce, a-t-il senti
l’impérieuse nécessité de faire, comme autrefois, une levée de fonds pour venir
en aide aux malheureux.
Dans ce but, un
comité a été formé à Beyrouth pour organiser les modalités. Au moyen des
recettes qu’elle procurera, le Conseil importera du blé et de la farine,à
distribuer hebdomadairement à tous les pauvres, sans discrimination sur le plan
religieux.
Pendant toute
cette période (1920-1945), la Société s’est occupée à consolider ses activités
scolaires, sociales et récréatives. De nouvelles conférences ont vu le jour.
Cette expansion est marquée par la fidélité à l’esprit et aux orientations du
Fondateur.
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