A: Youssef Antoun: à
Bqaakafra
1- Une Sainte famille
″Son Père s’appellait
"Antoun Zaarour", "Abou Hanna" de Bqaakafra, sa mère Brigita Élias Yaccoub Al Chidiac de Bécharry. Il avait
deux frères : Hanna et Bechara et deux sœurs : Kaouné et Wardé. Lui,
il était le cadet de la famille. Youssef était son nom civil, prenant le nom de
Charbel lors de son entrée dans l’ordre. Son Père était un simple laboureur
comme le reste des habitants de son village″,
″vivant de la culture de ses propriétés alors que sa mère s’adonnait au travail
de son domicile; les deux étaient bons fervents, s’intéressant à une vraie
éducation chrétienne″.
2- La mort du Père durant le travail
forcé
″En ce temps là, l’armée
du prince du Liban
soummettait les possesseurs des bêtes de
somme au travail forcé à transporter sur Beit-Eddine les récoltes du prince,
comprenant toutes sortes de céréales. En cours de l’année 1831, Antoun Zaarour
possédait une bête de
somme dont il se servait dans la localité de Magdlaya
où il fut séquestré pour le travail forcé à transporter la récolte du village
susmentionné à Jbeil pour l’expédier à
Beit-Eddine. En chemin de retour de Jbeil vers Bqaakafra, il arriva au village
de Ghérfine où il tomba malade, mourut et y fut enterré″. ″Ce fut donc, le 8 Août de cette année
que Antoun Zaarour rendit l’âme, dans le village de Ghérfine dans la localité de
Jbeil alors qu’il effectuait son travail forcé à transporter la récolte de
Majdlaya à Beit-Eddine″. ″Alors sa veuve s’occupe de ses enfants, assistée par son beau-frère,
Tannous Zaarour″.
3- Naissance et baptême de
Charbel
La maison du grand-Père maternel de Saint Charbel où il naquit se trouve toujours à
Khalidié; elle a été restaurée, il y a environ 15 ans, et transformée en une église. On dit que Brigita venait avec sa famille et "Abou
Hanna", menant avec eux leur bétail, pour passer l’hiver à Khalidié pendant 4
mois, fuyant le froid et la pauvreté. Elle aidait ses parents à cueillir
les olives. C’est là où Youssef, Saint Charbel, naquit en hiver et fut baptisé
dans l’ancienne église, de N.D. de Khalidié″, ″ou bien à N.D. de Bqaakafra″.
″Lorsque Saint Charbel était à Bqaakafra, l’église
n’auvait pas encore de registre″, en effet, le registre nº1 débute en l’an 1830,
c’est pourquoi Chebli déclare: "je n’ai pas trouvé dans les registres des
baptêmes du village de Bqaakafra mention de la naissance et du baptême de Père
Charbel … ; par contre j’ai trouvé mention des baptêmes
de ses frères, du décès de son Père et de sa mère ; j’ai dégagé de ce que
j’ai trouvé que Père Charbel naquit en 1828″ ″le 8 Mai″ une autre hypothèse conclut qu’il naquit en 1833″ ; mais ce qui est plus plausible à la logique que sa naissance se
soit située au début du printemps 1832, après quelques mois du décès du
père; ceci est valable pour deux raisons:
- La mère était encore jeune, car elle a mis au monde de son deuxième
mariage, Tannous, le 8 Septembre 1834…
Nouh, le 3 Juillet 1837.
- Youssef fut le cadet de la famille, et donc il est probable que sa
mère ait été enceinte lors du décès de son père.
4- Le remariage de la
mère
Deux ans et deux mois après le décès de Antoun Zaarour, Brigita s’est
remariée :
"Je soussigné, l’abbé Gerges, d’avoir marié Lahhoud, Ben Gerges Ibrahim, à
Brigita, fille de Élias Al-Chidiac,
de Bécharry, en présence des témoins, au mois d’Octobre 1833".
"Après quoi, Lahhoud fut ordonné prêtre,
sous le nom de l’abbé Abdel Ahad" ;
mais il n’a pas pris en charge la paroisse de Bqaakafra, plutôt, celle de la
localité de Balbek.
Brigita l’a accompagné
à Chlifa et Btedii où il possédait des terrains.
5- Orphelin de mère et tutelle de
l’oncle
"Charbel a vécu orphelin chez son oncle paternel Tannous",
"qu'il l'a élevé avec ses frères et sœurs"
"après le remariage de leur mère, et les enfants sont restés dans la maison
paternelle sous la tutelle de leur oncle Antonios qui veillait sur eux
et leur mère revenait les voir de temps en temps. Les enfants s’occupaient les
uns des autres, sous la surveillance de leur oncle, Tannous, et les parents
lointains".
6- L’école du couvent Saint
Hawchab
"Père Charbel a appris à lire et à écrire chez les curés de son
village",
ses contemporains: Gerges, Moubarak, Antonios, Youhana et Youssef de la famille
Makhlouf,
à l’école du couvent Saint Hawchab,
à cette époque- là.
"Mon grand-père m’a raconté: "Depuis qu’il était tout jeune, il portait toujours
à la main, le livre de la prière". J’ai entendu mon grand-père parler de sa
bonne humeur, de son obéissance à ses parents et son affection pour ses
frères".
"Youssef grandit et crût en âge, en connaissance, dans la ferveur et la bonté.
Il était un exemple, vivant en parole et en action parmi les enfants de son
village. Il priait beaucoup, se confessait beaucoup et communiait".
7- Plaisanterie devant une
catastrophe
"Youssef était sagace et intelligent d’un naturel qui penchait parfois à
la plaisanterie",
"bien sûr dans le cadre de la politesse".
"Lundi, le 12/10/1842"
"la pluie est tombée en abondance, suivie des torrents qui se sont précipités
sur "Achaghoura",
"à Bécharry. Il a décrit la scène en un poème populaire"
"alors qu’il était encore enfant à l’école avec ses camarades":
"L’inondation,
de "Toum Al Mezrab"
s’est précipitée sur Achaghoura;
les arabes
à Dahr Al Qadib dirent: "le soulagement qui nous arrive de Dieu est proche;
c’est une occasion au loup d’enlever une brebis et un
agneau".
"Au début,
les habitants de Bécharry dirent: "allons chez quelqu’un,
ce n’est qu’un nuage qui ne dure pas, un nuage passager;
"mais quand le torrent envahit Bécharry, les gens ont été
terrassés:
"vite des pelles pour canaliser l’eau, pour boucher des brèches".
"Le torrent ratissa la vallée, n’épargna pas les murs,
les gens crièrent et appelèrent: "Dieu ! Quelle scène!"
"Quand elle arriva à Hadchite, elle prit une grande gloire et fit grand
bruit;
les murs s’écroulèrent, les plus grandes bâtisses se
démolirent.
"Elle atteint la vallée de "Kannoubine", affluant à droite et à
gauche;
les habitants, ébahis, se cachèrent dans des trous.
"Dans la vallée de "Fradiss", elle redoubla ses efforts et sa
véhémence,
les gens portèrent l’image d'un Saint et dirent: "Délivre-nous, ô
image!"
"Les habitants de "Bqarqacha", ces gazelles, tous perdirent Sléiman;
Youssef Hanna, à la denture tordue, fit l’éjection
dans la fosse
"fit l’éjection dans la fosse et appela son oncle, Sarkis qui accourut
lui secouer les extrémités de l’habit ayant la forme d’une soutane,
qu’il lui déchira.
"La physionomie des habitants de Bqaakafra pâlit
et pour se déplacer, ils ont transformé les
bêtes de
somme en barques.
"Les habitants des Hasroun et de Bazoun eurent peur du torrent
et dirent: "allons couper des branches et des arbrisseaux pour boucher
des fentes".
"Le torrent envahit Hadad et Qnat; l’un des fermiers-associés mourut;
ils le trouvèrent suspendu comme pour le
dessécher à un mûrier dans les jardins de Hantoura.
"Les propriétaires du moulin, "chahla", s’enfuirent épouvantés;
le meunier fit éjection à cause de la peur à remplir la
fosse.
"Les propriétaires du moulin de "Blatt" s’écrièrent:
"apportez-nous de la boue pour enduire de l’argile ces
fissures".
"Dieu ! Quelle scène! quand il arriva à "Joura",
il emporta les plus grands arbres dans les terrains de
"Koura".
"Le voilà à "Tourza" énergique, les arbres plièrent,
"Ô gens! Que pouvons-nous faire; nous n’avons jamais vu une pareille
scène!"
"A Raskifa, les habitants en eurent marre de leur vie;
le torrent emporta la terre y ouvrant cent fosses.
"A Kosba, il se déchaîna et devint plus violent,
déracina tous les arbres avec sa fameuse force.
"A Bsarma, le torrent d’un orgueil irrésistible
n’épargna ni jarres sans poignées, ni passoire ni petite
jarre.
"A Kfarquahel,
les habitants sont renégats et l’auraient mérité,
le plus puissant des murs s’ébranla à n’en plus trouver des
traces.
"Quand il arriva à "Dahr El Aaïn", il ratissa de deux côtés;
les habitants dirent: "Le mauvais destin nous frappe et ce signe est
net".
"A "Abou Ali",
les vagues s’élevèrent très haut;
des gens trouvèrent la mort et leurs maisons sont inhabitées.
"A son arrivée à "Al Mina", il s’enragea et son rugissement s’affola,
déversant à droite et à gauche; le châtiment de Dieu y est
visible.
"L’eau de la mer est troublée; la haute marée dépasse tout prévu,
s’il avait duré encore plus, il n’aurait épargné aucune barque.
8- "La roche du
Saint " et la vache.
"Les fils se sont partagés l’héritage de leur père; la part de Youssef
fut la vache qu’il menait au pré":
"je menais au pâturage une vache à mon père et je la trayais";
"il labourait aussi ses propriétés. Il s’isolait toujours, loin des autres
enfants de son âge qui gardaient leurs troupeaux. Depuis son bas âge, il évitait
la fréquentation des gens, cherchant l’isolement et la solitude; il laissait sa
vache pâturer et la surveillait d’un endroit dans les propriétés de ses parents,
appelé la roche de "Al Bhaïss",
"à une demie heure du village; s’y trouvait une roche qui ressemblait à une
grotte"
"où il se mettait, son livre de prière à la main. Il a tellement fréquenté cet endroit et s’y
isolait que les gens l’ont appelé "la roche du Saint " qui ne cesse, jusqu’à nos
jours, de porter ce surnom et où Père Charbel y cherchait sa solitude quand il
était encore très jeune".
"Lorsque la vache aurait bien brouté l’herbe, il la laissait à son repos
en lui disant: "Repose-toi maintenant, "Zahra", c’est mon tour
et non plus le tien. Je veux prier".
"Ainsi, priait-il, même lorsque sa vache se relevait pour pâturer et lui disait:
"ne recommence pas maintenant, attends que je finisse ma prière parce que je
ne peux pas parler avec toi et avec Dieu; Dieu est de priorité".
"Il passait des longues périodes, absorbé par la prière".
"C’est pourquoi, selon la croyance populaire, on le considérait
Saint depuis son jeune âge; et il a
progressé dans l’Ordre. Quand il s’isolait des autres enfants, gardiens des
troupes, ce n’était pas seulement pour la prière, mais pour éviter leurs
loisirs. Aussi n’a-t-il perdu de vu sa vache pour ne pas la laisser nuire aux
propriétés d’autrui".
9- Le Saint et la grotte
"Depuis son enfance, Charbel penchait à la prière et à l’adoration. Il
s’agenouillait à l’Église tout droit, sans bouger; il priait en privé" "et allait à la grotte"
"pour y prier, le fait qui suscitait l’étonnement et, parfois, la moquerie de
ses camarades".
"Cette grotte située au sud de Bqaakafra, porte, jusqu’à présent, le nom de "la
grotte du Saint ".
"Sa famille la possédait".
"Il s’y réfugiait assez souvent",
"portant une poignée d’encens qu’il brûlait devant une image de la Vierge Marie
au pied de laquelle, il déposait un bouquet de fleurs".
"Sa grande dévotion, son penchant à la prière, à la messe, aux
processions, son désir d’éviter la fréquentation des gens, sa distinction
par sa bonne conduite, lui ont valu d’être appelé "le Saint " par les enfants du
village" ;
"au début c’était pour se moquer de lui".
"Puis, Dieu accomplit leur prédiction en le rendant Saint ".
10- Des misères
- Décès de la "deuxième
mère"
"L’épouse de Tannous Zaarour
est morte, le 9 septembre 1839, munie des derniers sacrements".
- Révolution contre les
Egyptiens
"Deux ont trouvé la mort lors des événements de 1840: Toubia Gebraël,
fusillé à Aaïnata, et Mikhaël Al Bani, tué par l’armée de Ibrahim Bacha, le 4
septembre 1840 dans la montagne de Makmel".
- Le Choléra
"Antoun Élias est mort
atteint du choléra
et fut enterré à "Aïn Al Majal", dans une ferme appartenant à Mender, le
10/1/1847".
- Poésie
"Ô larmes! Versez-vous; le soleil de la vie déclina;
la mort me frappa et me ferma les paupières, mes parents ne me
supportèrent plus;
Ils appelèrent les prêtres pour faire les funérailles et couvrir mon
corps de terre;
Ô pécheur! Dans la mer submergée; tu es une ombre passagère dans la
vie;
La mort vint frapper à ta porte; à quoi te fut-il utile d’user de la
jeunesse?"
11- Des joies
- Mariage de sa sœur Kaouné
"Je soussigné, le curé Moubarak; avoir marié Tannous, fils de Hanna
Nehmé à Kaouné, fille de Antoun Zaakour, le 19 Mars 1845".
- Mariage de son frère
Hanna
"Je soussigné, le curé, Antonios avoir marié Hanna, le fils de Antoun
Zaarour à Mariam, fille de Abou Élias Al Khoury Al Khaïssi, le 3 Mai 1845".
- La fillette de son frère,
Hanna
"Un peu moins d’un an, le 7 Avril 1846, fut baptisée Ghalieh,
fille de Hanna Zaarour, née fin Mars. Son parrain fut Youssef Ben Mikhaël
Boulos, sa marraine, l’épouse de Tannous Nehmé".
B: Charbel, le
moine
1- Les deux oncles maternels de Saint Charbel
"Saint Charbel avait deux
oncles maternels: Youssef et Antonios, fils d’Élias Al-chediac qui n’eut pas d’autres
enfants. Les deux sont entrés dans l’Ordre, le premier prit le nom de Ghostine,
le second fut appelé Daniel; les deux sont entrés dans l’ermitage de Saint Boula à Kozhaya. Personnellement, je me
rendis à l’ermitage pour voir Père Daniel qui était le plus jeune, ayant pris
l’habit avant son frère qui, étant l’aîné, est resté servir son père, déjà
vieillard et seul à la maison. Après le décès du père, l’aîné a regagné le plus
jeune, accomplissant ainsi deux obligations sacrées. Les
deux furent des ermites vertueux. Ainsi s’accomplit le proverbe avec Saint Charbel: "Quoique l’enfant change, il
ressemble à son oncle maternel".
Les deux moines naquirent dans leur village, Bécharry ou bien à
Khalidieh où la famille passait l’hiver. Daniel entra au noviciat au couvent
Saint Antonios à Houb, prononça ses
vœux le 29/2/1838,
y demeura après le 25/10/1838,
fut ordonné prêtre le 20/6/1841.
Après son ordination sacerdotale, il a été muté, tour à tour au couvent de
Kfifane avec le Saint Al-Hardini,
le 24/8/1841,
à Maïfouq, en 1851.
Il a vécu avec Saint Charbel à
Kfifane et était le Père spirituel du Saint Nehemtallah Al-Hardini,
y demeura après le 1/11/1859;
puis revint au couvent N.D. de Maïfouq et y demeura après le 12/11/1868.
Ghostine entra au noviciat au couvent Saint Antonios- Kozhaya, prononça ses vœux, le
1/7/1841, à l’âge de 23 ans.
Il a fait ses études au couvent même,
fut ordonné prêtre le 23/3/1847,
et y demeura
pour être muté au couvent N.D. de Maïfouq, à une date inconnue, son nom figurait
déjà au couvent sus-indiqué le 16/10/1859
pour y rester après le 12/11/1868.
Avant 1871,
les deux moines ont été mutés au couvent de Kozhaya pour y demeurer après le
2/11/1874.
Daniel entra à l’ermitage Saint Boula - Ghebta, annexé au couvent, avant le 8
février 1875,
son frère Gostine devait le regagner.
"Père Ghostine de Bécharry est décédé ermite, muni des derniers
sacrements. Il est mort atteint de l’hydropisie, en état de sainteté le
1/11/1884".
"Père Daniel de Bécharry est décédé ermite, déjà bien avancé en
âge, muni des derniers sacrements, le 23 Mars 1895".
"Il était vertueux, rendu l’âme en disant: "je désire me décomposer pour être
avec le Christ".
2-En route vers l’Ordre … au couvent
Kozhaya.
"J’ai entendu mon grand-père qui disait que son frère, Charbel, est
resté au village jusqu’à 18 ans, il ne s’engouait pas aux divertissements, à la
vie des jeunes, plutôt il cherchait toujours la solitude, l’isolement et la
prière. Il allait avec son frère, mon grand-père, Hanna, rendre visite à ses
deux oncles. Une fois, ils ont demandé, au Père, Charbel de leur apporter de
Bécharry ce dont ils avaient besoin, et mon grand-père, Hanna, de leur répondre:
"Mes oncles, je crains que Youssef ne retourne pas au cas où il revient chez
vous". L’un des deux rétorqua: "si Dieu le veut, qu’il entre dans l’Ordre;
qu’est-ce qu’il y a dans le monde?"
"Un jour, Père Daniel est allé à Bqaakafra; Quand il voulut rentrer au
couvent de Kozhaya, il demanda à Hanna Antoun Zaarour, de permettre à son frère
Youssef de l’accompagner; Hanna répondit: "mon oncle, je crains que Youssef
reste au couvent". Youssef s’en alla en compagnie de son oncle; et 8 jours après
son retour, il entra dans l’Ordre".
3- Au couvent de Maïfouq: suis-moi
(Mc
2,14)
"Un jour, Père Daniel Al-Chediac est allé à Bqaakafra; de retour au
couvent N.D. de Maïfouq il amena avec lui Youssef, son neveu, qui entra au
noviciat";
"à savoir qu’à cette époque-là, la période du noviciat a été prolongée de 3 ans
et le novice devait le faire dans un couvent loin de sa région".
"Le jeune homme est entré dans l’ordre ayant son nom civil Youssef de
Bqaakafra, et prit le nom de Charbel, le 8 Août 1851"
"après avoir passé 8 jours en habit mondain; après quoi il prit l’habit de
l’Ordre… en quittant l’habit mondain, on néglige le corps, en prenant l’habit
monastique, on opte pour l’âme. Charbel connaissait bien qu’il aurait laissé un
père et une mère selon le corps et s’est abandonné à deux Pères
spirituels".
"Durant la période du noviciat, il accomplissait ses obligations à la
perfection, et s’est fait distingué par l’obéissance et le silence".
"Le novice devait garder le silence…"
"Il était heureux dans sa vocation et d’une conduite exemplaire dans
l’observation de la règle et des constitutions monastiques, typique dans son
obéissance aux supérieurs et dans sa charité pour ses frères".
4- Il n’a plus regardé en arrière (Luc 9,62)
"Tout d’abord, c’est son oncle et son tuteur, Tannous, puis sa mère,
puis ses deux frères, Hanna et Béchara, qui tous sont allés pour l’interdire
d’entrer dans l’Ordre et le ramener à la maison; il a refusé le retour avec eux.
Après, c’est sa mère, Brigitta, accompagnée de son beau-frère, Tannous Zaarour,
qui se sont rendus à Maïfouq où il faisait son noviciat pour le plier de
retourner au village. Sa mère guettait la sortie des novices qui se dirigeaient
aux champs; dès qu’elle l’aperçut parmi eux, elle se précipita, l’attrapant par
son habit, alors que lui, il portait son regard vers la terre, et lui
dit: "Reviens avec moi à la maison"; il a profité de l’inattention de sa
mère pour se débarrasser d’elle et regagner ses frères. Environ 12 fois, elle et
son oncle Tanios, ils se sont rendus chez lui pour le reconduire à Bqaakafra".
"Il est arrivé qu’une fois, un homme de Maïfouq est allé à Bqaakafra;
mon grand-père lui demanda devant moi: "Est-ce que tu as vu le moine au couvent
Saint Maron?" Il répondit: "Qui?" Mon grand-père reprit: "Père Charbel". L’homme
répondit:
"Bienheureux! bienheureux! Quand il était encore novice chez nous à Maïfouq, il
jouissait de dons de l’Esprit Saint : il piochait derrière les laboureurs, ses
yeux baissés vers la terre; il ne regardait personne et ne parlait avec
personne".
5- Le nom de Charbel
Etymologie: Charbel est un nom syriaque qui dérive de la contraction des
deux mots, Charb qui veut dire histoire ou récit, et de El qui veut dire Dieu =
le nom de Charbel donc signifiera
l’histoire, ou le récit de Dieu. Ce nom, l’a porté un martyr syriaque qui fut
l’évêque d’Edesse (aujourd’hui en
Turquie), il fut crucifié en 121.
Plusieurs moines de l’Ordre Libanais Maronite portèrent ce nom comme Père
Charbel Medlège, qui a été élu Supérieur Général entre 1784-1787.
Les ruines de l’église Saint Charbel
se trouvent toujours à Bqoufa, au voisinage de Baghlett Bécharry dont une partie
de ses terrains sont une possession de la famille Chidiac dont dérive la mère du
Saint Charbel qui, peut-être aurait
été en fréquence dans les propriétés de son grand-père maternel et aurait pris
connaissance du Saint Charbel qui
fut le patron de l’église en ruine susmentionné, et y aurait prié.
6-Ne t’attriste pas pour Youssef (Luc 23,28)
"Quand Brigita a désespéré du retour de son fils Youssef, à Bqaakafra,
elle sentit une grande tristesse dont les signes paraissaient sur son visage;
elle pensait toujours à Youssef. Puis, après le décès de sa fille, Wardé, les
habitants du village lui ont dit: "ne t’afflige pas trop
pour Youssef. Dieu t’a éprouvé par la mort de ta jeune fille!"
"Wardé est décédée, le 22 Novembre 1851, munie des derniers sacrements".
7-Wardé … la
fervente
"Elle priait beaucoup avec ferveur, s’agenouillait, tout droit, bras
levés, à réciter le chapelet, qui était long et elle le gardait toujours dans sa
poche. Quand les habitants du village la voyait prier alors qu’elle était
fiancée à Tannous Hanna El Khaïssi, ils lui disaient: "Ton chapelet est long,
une fois mariée, est-ce que ta belle-mère te laissera le réciter?" Elle
répondit: "Que je meure avant d’entrer dans sa maison". Effectivement, son
souhait fut exaucé, car elle est morte vierge et fiancée, elle répétait
toujours: "Seigneur, que le bien s’accomplisse, que le mal soit repoussé. Je
préfère mourir avant de me marier, si ce mariage ne te complaît pas". On
racontait que son cousin, Antoun Boutros Zaarour a vu une colombe sortir par la
fenêtre de la maison où elle se confessait lors de sa mort. Lorsque son fiancé
venait lui rendre visite pendant qu’elle priait agenouillée, bras tendus, elle
disait à sa nièce, la fille de Hanna: "Mets-toi derrière moi, les bras tendus,
pour me dérober à sa vue afin que je finisse ma prière".
8-Une aventure folle (Mt 18,8-9)
"Le Supérieur Général et son conseil ont interdit le travail commun
entre moines et femmes dans le traitement des vers à soie, même si cela nuit à
rente des couvents".
"C’est pourquoi, on a prit l’habitude à Maïfouq d’envoyer les novices à écorcer
les branches des muriers et à les effeuiller, tandis que les femmes et les
filles s’occupaient, dans un autre endroit, à mettre les feuilles aux vers à
soie. Il est arrivé qu’une de ces filles qui travaillaient au couvent, et ayant
remarqué la décence du Père Charbel qui le distinguait des autres, a bien voulu
l’expérimenter. D’en haut où elle se tenait, elle l’a lancé d’un ver",
"puis est redescendue, à ramasser le ver et le lui a mis sur la main".
"La nuit même, il quitta le couvent de Maïfouq pour regagner celui de Saint
Maron à Annaya qui est isolé et loin des habitations. C’est pourquoi, on lit
dans le diaire du couvent de Maïfouq, en face du nom du frère Charbel le terme
"Fachah" (défroquer).
Mais quand il a raconté cet événement au supérieur du couvent Saint Maron à
Annaya, ce dernier a consulté le Supérieur Général au sujet de ce novice, car il
n’était pas d’usage d’admettre celui qui a quitté son couvent dans un autre,
sauf sous l’autorisation de l’autorité générale; alors le Supérieur Général a
accordé son approbation de l’admettre au couvent Saint Maron à Annaya"
"pour y achever sa deuxième année de noviciat".
"Et on dit qu’il a quitté le couvent de Maïfouq pour regagner celui de
Saint Maron à Annaya à cause de nombreux habitants qui entouraient le couvent.
L’expression "Fachaha" a vexé mon grand-père qui, plus tard, a connu la vraie
cause pour laquelle il a quitté Maïfouq, mue par son désir de se couper des
gens",
"or, le couvent de Annaya est plus loin, et des gens et de son village, que
Maïfouq… et aux dires des autres que l’un des habitants de son village,
Bqaakafra, était, à ce moment- là, à Saint Maron à Annaya et qui s’appelait Père
Éphrem
de Bqaakafra".
9-Vous avez les paroles de la vie (Jn 6,68)
"Une fois, pendant que les novices sortaient du couvent Saint Maron pour
le travail aux champs, sa mère le vit, car elle guettait son passage, se
précipita vers lui le tint par son habit, insistant à le
ramener avec elle à la maison, croyant que sa vocation n’était pas dans la vie
monastique, et donc qu’il l’abandonne. Mais, quand elle a trouvé qu’il tenait
bon dans sa vocation, elle lui dit: "ou bien tu restes ferme dans l’Ordre et que
tu deviens un bon moine, ou bien reviens immédiatement avec moi à la maison".
Charbel lui répondit: "ce que tu dis, sera accompli".
10-Mon fardeau est léger (Mt 11,30)
"Le 1/11/1853, les deux frères: Youssef Abdilli
et Charbel de Bqaakafra, tous les deux âgés de 20
ans, ont prononcé leurs vœux solennels devant le supérieur, Antonios Al Bani".
"A cette époque-là, on prononçait seulement les vœux solennels".
11-Nous nous reverrons au ciel (Mc 3, 31-35)
"Brijitta raconta: "Je suis allée une fois au couvent de Annaya pour le
voir après ses vœux solennels, insistant à ma
demande; il n’a pas voulu qu’on se vit de face à face, seulement il m’a répondu
par quelques mots, lui de l’intérieur et moi à l’extérieur: "c’est ainsi que tu
me prives de te voir, mon fils ?"
"étonnée et lui reprochant son comportement. Il me répondit: "Si je ne
te vois pas maintenant, nous nous reverrons au ciel". La mère rentre chez
elle triste et larmoyante".
"Il ne parlait pas avec les laïcs, ni parents ni autres… Si des femmes
demandaient à le voir, il faisait de son mieux auprès du supérieur et d’autres
de ne pas l’obliger à les rencontrer, mais si les ordres l’ordonnaient de le
faire, qu’il garde bien à ne pas les dévisager. Qu’il soit bref avec
elles",
"et s’éloigne des femmes même si elles sont des proches parents…"
12- Je vous soulage (Mt 11,28)
"Il était très attaché à ses vœux et ses devoirs; on ne lui a jamais
rien reproché, minime qu’il soit dans tout ce qu’il a fait durant sa vie. Il
excellait dans ses travaux, son comportement et son aspect qui imposaient le
respect et recueillement".
"Il n’a jamais connu la tiédeur à la fin de sa vie, bien au contraire, il
s’acheminait de plus en plus dans la bonté, la ferveur et la piété".
"Il a pratiqué toutes les vertus d’une manière à dépasser tout le monde et les
moines. C’est qu’il les a vécues fermement et continuellement, sans
affaiblissement ni défaillance, rapidement et de bon gré".
"Il n’avait plus d’esprit que pour penser à Dieu, plus de langue que pour parler
de Dieu, plus de voix que pour bénir Dieu".
"Il était un moine tellement exemplaire dans son observation de la règle
et l’accomplissement de ses devoirs que si l’on demandait à quelqu’un de faire
un travail difficile, il répondait: "croyez-vous que je suis Père Charbel pour
me demander tout cela? Je ne peux ni vivre comme Père Charbel ni travailler
comme lui".
Et nous autres, les communs, quand nous voyions Père Charbel dans cet état: en
perpétuel agenouillement, en un silence continuel, en prière ininterrompue, en
recueillement dans la messe, en travail épuisant comme les plus méprisables des
domestiques, en habit méprisable, négligeant toutes les choses de la vie, nous
disions: "Bonheur à lui!". Ce moine a vécu comme les Saints et les ermites
d’antan de qui nous parle le martyrologe. Et nous nous confirmions dans notre
foi, en nous reprochant notre attachement à ce monde périssable".
13- L’ermite, Alichaa … Père spirituel de
Charbel
Alichaa, le Saint , a découvert le Charisme de Charbel, depuis qu’il l’a
connu au noviciat, à Annaya… il paraît que Charbel, dès le début de sa vie
monastique, fréquentait Alichaa dans son ermitage "pour le prendre comme Père
spirituel".
Après les vœux solennels, il paraît qu’on a décidé, de statuer Charbel
et Fr. Youssef Abdilli, comme deux frères convers, et non pas comme étudiants à
la théologie… "C’est que Charbel a demeuré trois ans à Annaya".
Après la désignation de l’autorité monastique par le Vatican, entre
autres, Saint Nehemtallah Al-Hardini comme conseiller général, il
est fort probable que Alichaa ait demandé à son frère d’envoyer Charbel au
couvent de Kfifane pour étudier la théologie et devenir prêtre,
ayant prévu en lui, en esprit, un prêtre Saint .
14- Charbel … élève du
Saint Nehemtallah Al-Hardini
"Il fut choisi pour embrasser le Saint état sacerdotal",
et "ses supérieurs l’envoyèrent à l’institut théologique de Saint Cyprien à Kfifane, pour faire les études
nécessaires d’un prêtre. A cette époque-là, présidait à la gestion de
l’institut, Père Nehemtallah Al-Kafri,
homme de bonté et de science. Dans cette ambiance de science et de sainteté,
frère Charbel a trouvé ce qu’il souhaitait; d’où il a déployé ses efforts et son assiduité
pour réaliser la meilleure part de la théologie morale et dogmatique; s’y
ajoutent les langues: syriaque et arabe; récoltant une autre meilleure part des
vertus monastiques et des perfections chrétiennes".
"Au cas où Père Al-Kafri s’absentait, c’était Père Nehemtallah Al-Hardini qui le remplaçait".
"Il était l’un des meilleurs"
et "des plus habiles étudiants",
"intelligent et excellent en théologie morale",
"il a excellé dans ses études théologiques. Cela m’est parvenu à travers mes
causeries avec quelqu’un qui louait les vertus et la position du Père Charbel.
Et lorsque j’objectais disant: "peut-être était-il vertueux vu sa simplicité
(naïveté) et son éducation de villageois". La réponse me revenait ferme qu’il
n’était jamais (naïf), mais d’une vive intelligence, dépassant les autres par sa
science et ses connaissances théologiques autant que les circonstances de lui
permettaient de son temps".
"Ses supérieurs et ses maîtres témoignaient pleine satisfaction à son
égard, louant ses vertus et son parfait comportement monastique"
"tellement qu’il n’a jamais reçu une admonestation ou punition. Il est passé
pour un bon exemple à tous",
"s’agenouillant, fixe dans une seule place. Il n’y avait à l’église ni bancs ni
agenouilloirs. Son agenouillement montrait son parfait recueillement au point où
les autres étudiants se recueillaient à le voir dans cette attitude",
"ce qui les a incités à le nommer "Saint ".
Al-Hardini dit: "j’ai un Saint étudiant, c’est le Fr. Charbel de
Bqaakafra".
"Charbel était présent, lors du décès de Al-Hardini".
15-Mère pieuse
"Quelques femmes de Bqaakafra travaillaient à filer les cocons de
ver-à-soie pour tisser des chemises. Quand Brigita, mère de Père Charbel,
entendait la cloche sonner pour la vigile de Dimanche, elle abandonnait son
travail pour participer à la prière, et ne revenait à son
fuseau que Lundi. Elle avait l’habitude de jeûner tous les jours jusqu’à midi,
et s’y est appliquée jusqu’à la fin de sa vie, s’abstenant à manger gras par
application à un vœu qu’elle avait fait. De temps en temps, elle allait au
couvent des Pères Carmes à Bécharry pour se confesser. Elle a confié à son
confesseur son vœu de jeûne quotidien et son abstinence à manger gras pour toute
la vie; son Père spirituel lui a autorisé le jeûne, l’interdisant de s’abstenir
au gras, lui disant: "Tu es obligée de goûter du mets gras que tu prépares à ta
famille, car tu ne peux pas faire deux genres de mets, obliges-toi à en
manger. Prie tous les jours un
chapelet".
16-Pour servir et non pas pour être servi
(Mc
10,45)
"Nos enfants: fr. Athanassios de Toula
(Al
Gebbé), fr Charbel de
Bqaakafra, fr. Iklimos Addarouny,
fr. Youssef Addarouny, frères de l’Ordre Libanais Maronite, ont reçu les ordres
mineurs: Chantre/Psalmiste, Lecteur, Cérémonier, Sous-diacre, le 22 Juillet
1859. Le lendemain suivant, ils sont passés aux ordres majeurs, le diaconat et le sacerdoce, aux
pieds de l’autel de Saint Cyprien à
Kfifan et à l’église N.D. de Bkerké" "leur ordination dans ces grades a été présidée
par l’imposition des mains de l’évêque Youssef Al Marid".
17-Il n’est plus retourné à
Bqaakafra
"Après son ordination sacerdotale, Wardé, sa nièce, est venue,
accompagnée de quelques parents pour lui présenter leurs vœux, lui demandent
avec insistance, d’aller dans son village pour y célébrer une messe; et lui de
répondre: "le moine qui, étant entré au couvent revient dans son village,
devrait refaire son noviciat".
"En effet, depuis qu’il a quitté Bqaakafra pour entrer dans l’Ordre, n’y est
plus retourné".
"Durant toute la période qu’il a passée avec les moines au couvent, il était
exemplaire dans l’obéissance, la chasteté et la pauvreté",
"surpassant en cela les autres moines".
18-Au couvent Saint Yaaqoub Al
Hosson
"Après avoir terminé ses études et qu’il fut ordonné prêtre, on l’envoya
au couvent Saint Yaaqoub Al
Hosson,
dans la localité de Batroun, où il passa une période consacrée à la vie
érémitique, ascétique et de prière".
Le 30/10/1859, Père Charbel et la communauté votent fr. Youhanna de Bqaakafra,
comme délégué au chapitre général,
"
"peu après",
plus probablement, Alichaa l’aurait demandé de nouveau, à Annaya, pour
développer ses dons, veiller sur lui et trouver intimité auprès de lui.
Père Daniel Al-Hadassi,
homme de Dieu, vivait dans ce couvent dont il est devenu le supérieur entre
1845-1847 et la période entre 1853 et 1856,
il a commencé la construction de l’église,
à laquelle Charbel, aurait, peut-être contribué.
19- Au couvent de Annaya
"En 1820, l’Ordre a construit quelques cellules et une chapelle sur un
site de l’endroit (Al
Hara) où se trouvait l’aire".
"En 1828, la décision est prise pour bâtir le couvent de Annaya",
malgré les dégâts causés par l’armée de Ibrahim Bacha et la résistance des
Chiites.
Mais effectivement, "les travaux ont commencé, le 8 Mai 1839, avec
l’établissement du puits, les caves et l’église. Le 20 Octobre 1841, les travaux
ont pris fin".
Ainsi, "Charbel fut- il muté sur Annaya au nom de l’obéissance",
et son nom figurait
déjà à Annaya, dans les conseils locaux, dans l’élection des délégués des
couvents pour les années 1868,
1871,
1874,
et "il travaillait avec les novices".
20- Miracle de 1865
"En 1865, les sauterelles envahirent la région de Batroun; or le
gouvernement n’a pas bougé pour y trouver une solution";
"en vain les moines se sont-ils efforcés de les chasser, ils n’ont pas réussi";
alors, "le Père Roukoz
de Mechmech, supérieur du couvent, ordonna Père Charbel de bénir l’eau et
d’asperger les propriétés du couvent afin d’empêcher les sauterelles de
détériorer les semences et les arbres. Il marchait par les champs, aspergeant et
s’adressant aux sauterelles en disant: "Bénites, mangez de ce qui est sauvage
et non pas de ce qui est comestible". Ainsi Dieu a-t-il protégé les semences
et les muriers du couvent entre les dommages que causent les sauterelles".
C: Charbel,
l’ermite
1- L’établissement de l’ermitage de
Charbel
En 1798, les fils Abou Ramia, Boutros et ses frères de Ehmej ont pris de
la part des dignitaires de la famille Melhem, leur propriété nommée "Al Mourouj"
(les prés),
selon un titre de vente, de la part du dignitaire (Al-Chaïkh) Hassan Melhem qui
leur a donné le couvent de la transfiguration, situé au Mont Tabour et que les
Chiites appellent le prophète "Rass". Les fils Abou Ramia ont, à leur tour,
offert les terrains susdits à leur frère Youssef
et l’ont aidé avec les habitants du village à construire l’église des Saint
Pierre et Paul. Youssef avait
abandonné le monde pour prendre l’habit monastique de l’Ordre des adorateurs des
mains du patriarche Youhanna Al Hélou. 4 ans après, Daoud entre dans son Ordre
et fut ordonné prêtre. En 1814, les deux sont entrés dans l’Ordre Libanais
Maronite, et y ont offert les propriétés qui revenaient à leur Ordre".
"Après quoi, le couvent des Saints Pierre et Paul fut transformé en ermitage, en
1828".
"L’ermitage est situé sur un picon, à une altitude de 1378m; formé d’un
seul étage à deux pavillons, Est et Ouest; chacun comprend 3 cellules dont les
toits sont faits de troncs d’arbres. Le plafond de l’Église est en pierre qui
prend une ferme voûtée; on
y trouve deux armoires, l’une à droite de l’autel, l’autre à gauche, prenant la
forme d’un arc, dans le même mur en pierre de voûte; il y a une armoire dans le
mur ouest, une fenêtre vitrée au mur Sud. L’autel se dresse adjacent au mur Est,
consacré aux patrons de l’ermitage, Saints Pierre et Paul, dont l’image est
accrochée plus haut que le milieu. La terre de l’église est dallée en pierres
simples, avec un chœur plus élevé de 25cm, dont les dalles sont prises de
rochers de la montagne. L’autel est en bois simple. A gauche de l’entrant, on
voit une lucarne pratiquée dans le mur où on dépose la veilleuse à l’huile du
Saint Sacrement. Dans le mur Ouest, il y a la porte d’accès à l’église,
extérieure à l’ermitage, par où les communs peuvent entrer.
"Le corridor qui sépare
les cellules de l’église, où aboutit un portique qui donne au nord, est ouvert
par un arc; et à l’est c’est un accès à la cuisine de l’ermitage, un mur
séparateur l’isole d’une cellule obscure et minable où l’on dépose des bûches
pour l’hiver. Il y a un puits pour recueillir les eaux pluviales. L’église est
construite avec des pierres de taille, quand à celles de l’ermitage, elles sont
très misérables. Il est entouré d’une muraille, d’une hauteur inégale qui de 2 à
3 mètres; il est exposé aux tempêtes et foudres; rares sont les ermitages qui
lui ressemblent, sur des cimes habités à une telle altitude au Liban".
2- Son premier ermite
"Le premier ermite de notre Ordre qui est entré dans cet ermitage, est
l’homme de Dieu, le Père Alichaa Al-Hardini. Le 29 Novembre 1829, il obtint
l’autorisation du Père Ighnatios Bleibel, alors Supérieur Général. Au début, il
demeura à l’ermitage de Kozhaya pour 6 mois environs; puis, il a été transféré à
celui de Saint Maron à Annaya, sous l’ordre des supérieurs et où il a dû passer
44 ans et demi".
"Il se passionnait pour le travail manuel: c’est lui qui a dallé l’ermitage, y
transportant à dos les dalles, prises d’un endroit lointain; c’est lui, aussi,
qui a planté la
vigne à l’est de l’ermitage, après y avoir coupé les arbres, la retournant et la
défrichant".
Dieu a effectué des miracles par son intercession".
3- Opinion des deux maîtres de Charbel
à propos
de
l’anachorétisme
Une fois, Saint Nehemtallah Al-Hardini vint rendre visite à son
frère, l’ermite Alichaa. Conversation faisant, Père Alichaa dit: "il t’est plus
favorable et plus convenable d’abandonner la vie du couvent"
"pour vivre dans cet ermitage avec moi"
"où tu passeras le reste de ta vie dans le calme et la tranquillité, loin de
tout vacarme, à prier avec un esprit tranquille et serein".
"Nous passons notre vie ensemble"
"et tu vivras en paix et sérénité"
"Il lui répondit: "ceux qui luttent dans la vie communautaire"
"avec l'ensemble des moines a une grande récompense"
"et le plus grand mérite".
"C’est là où il faut supporter, patienter, plier sa propre volonté, accepter la
faiblesse des faibles. Les Pères
spirituels considèrent la vie communautaire comme étant un martyre perpétuel;
c’est que le moine ne doit pas faire ce qui lui plaît, ce qui est convenable à
son tempérament et sa conduite; plutôt, il doit veiller à ce qu’il ne blesse ni
ne chagrine ses frères; qu’il contrôle attentivement son comportement pour ne
pas les scandaliser. Ce sont les obligations du moine; mon frère, tandis que
l'ermite est seul, épargné d'être tenté par l'extérieur; il passe son temps dans
la prière dans cette vigne, ",
"et vit comme il veut; alors qu'au couvent le moine s’applique à l’obéissance.
Puis, à l’ermitage, il n’y a ni tentateur ni vexations alors qu’avec la
communauté on y est toujours exposé. Puis, au couvent, celui qui s’implique dans
la pratique de la vertu, donne le bon exemple aux autres";
"toutefois, je peux dire: à chacun sa vocation, tout le monde n’est pas
semblable: qui pour la prière, qui pour la vie communautaire";
"quant à moi, c’est ma vocation que j’ai embrassée depuis longtemps".
4- La situation de l’Ordre un peu avant l’entrée
de Charbel dans l’ermitage
Après le chapitre général de 1832, au cours duquel le patriarche
Maronite est intervenu pour désigner l’homme de Dieu, le Père Moubarak
Houlaihél,
Supérieur Général, l’esprit des clans commença à apparaître,
le fait qui entraînera ultérieurement à l’appartenance aux villages.
Malgré la conservation minime de l’esprit monastique, cette orientation à
l’appartenance à la région s’est accrue. Les couvents de Jbeil et du Nord sont
restés communs entre les moines des
deux régions jusqu’à la désignation du Père Éphrem Geagea comme Supérieur
Général en 1862.
5- La gérance du Supérieur Général, Éphrem Geagea
Le Supérieur Général était partisan de l’appartenance à la région.
Il a procédé à muter presque tous les moines du Nord de la région de Jbeil
pour fonder le couvent de Saint Semaan Al Qarn et l’école de Ban au
Nord.
Il abandonna le siège du supériorat général à Tamiche pour résider, la plupart
du temps au couvent de Kozhaya et celui de St Semaan Al Qarnau
Nord.
6- Le couvent de Annaya jusqu’à l’entrée de
Charbel à l’ermitage
Les moines de Jbeil, en particulier ceux de Mechmech,
ont pris en charge les ministères du couvent de Annaya et commencèrent à
minimiser l’ermite, Alichaa Al-Hardini, qui était presque un supérieur dans son
ermitage et un excellent administrateur. Le patriarche Maronite a proposé son
nom au supériorat général en 1856,
comme une solution au conflit entre les deux camps ennemis dans l’Ordre, en ce
temps-là; et parce qu’il était l’un des moines les plus célèbres en science, en
vertus et en administration.
Il a investi les revenus des vœux de l’ermitage, dans l’achat de 50 terrains,
l’acceptation de 7 terrains, offerts comme vœux entre les années 1833 et 1870,
hormis les terrains vendus après son décès.
Après 1870, date à laquelle il a acheté le dernier terrain, une dispute éclata
entre lui et le Supérieur du couvent de Annaya le Père Roukoz de Mechmech;
malentendu qui devait perpétuer avec le supérieur, Le Père Abdel Massih,
soutenu par les Pères, Roukoz et Antoun de Mechmech; ils ont envoyé une bande
qui a frappé et blessé le frère Abdallah Al Bani
qui servait l’ermite; à la suite de cet accident, le Supérieur Général a dû
intervenir, demandant à l’ermite de laisser la gestion des propriétés. Mais les
moines voulant tout accaparer, ont envoyé le Père Antoun de Mechmech qui a ravi
les chèvres au chevrier. L’ermite adressa une lettre au patriarche le priant par
les entrailles du Christ de le secourir.
7- Alichaa réclame Charbel avec l’audace des
Saints
Bien que l’appartenance à la région ait trié les moines de l’ordre en 5
grands groupes, chacun d’eux est formé d’une petite équipe que lie la parenté du
sang, et en particulier, l’appartenance au village
et les intérêts, Alichaa, le Saint , qui a aimé son Ordre, et a regretté ce qui s’y
passait, a fait l’intérêt du couvent de Annaya et de l’Ordre. Il ne s’est pas
retiré au Nord pour fuir la persécution mais bien au contraire, il a demandé le
Père Charbel auprès du Supérieur Général, Éphrem Geagea qui le respectait pour
ses vertus, sa gérance et parce qu’il était le frère du "Saint de Kfifane", il a exaucé sa demande, lui
laissant le Père Charbel sans le muter au Nord. Aussi, Alichaa a-t-il adressé la
même demande au supérieur du couvent, le Père Roukoz de Mechmech qui, au début,
a refusé; puis, après le miracle de la lanterne
que Charbel a effectué, probablement, en Juillet 1869, il a satisfait sa
demande. "Le Père Charbel a immédiatement exécuté"
pour hériter Alichaa, officiellement, à la veille de sa mort et son enterrement…
pour devenir un jour deux universels… deux marques de sainteté…
8- De l’eau dans la lanterne (Mt 25,1-13)
"Quand il était au couvent, durant le triennat du Père Roukoz de
Mechmech, il travaillait aux champs comme le dernier des domestiques. Une nuit,
il gardait les chèvres"
"au temps de la moisson, alors qu’au couvent un groupe d’une trainte de
moissonneurs volontaires mangeaient; les servants s’affairaient à servir les
tables, le dispensier, s’empressait à servir les moissonneurs";
"c’est alors que le Père Charbel vint auprès du lui demandant, devant toute la
foule, de lui remplir la lanterne d’huile. Le dispensier le gronda et lui
dit: "pourquoi n’es-tu pas venu le jour?" Il lui répondit: "J’étais au
champs". Le dispensier rétroqua: "comme punition, je ne te donnerai pas de
l’huile pour cette nuit, va-t’en". Il obéit et rentra dans sa cellule";
"mais les domestiques lui avait obstrué le passage au moyen d’un banc déposé en
largeur; le Père Charbel, trébucha et tomba par terre sans se plaindre".
"Saba qui n’avait que 13 ans",
"alors domestique au couvent, le regagna lui demanda la lanterne sous prétexte
de la lui remplir d’huile, mais en effet",
"il a mis de l’eau prise dans un bidon métallique où on mettait la cendre avec
de l’eau".
"Le Père Charbel prit la lanterne, l’alluma et elle s’est allumée".
"Entre temps, en l’absence du Père Charbel, l’usage de l’huile"
"fut interdit, ordre donné, en privé, au despensier par le supérieur",
"s’y ajoute l’interdiction aux moines d’allumer leurs lanternes après la
clochette pour le sommeil. Cette nuit-là, le supérieur se réveilla pour quelques
besoins; en sortant, il vit une lumière"
"et s’y dirigea pour trouver que c’était la cellule du Père Charbel qui était
allumée; il lui dit: "N’as-tu pas entendu la clochette? Pourquoi n’as-tu
pas éteint ta lanterne? N’as-tu pas fait vœu de pauvreté!?" Immédiatement, il
s’agenouilla, demandant pardon et dit: "Je suis retourné du champ, et je
devrais accomplir ma prière".
"Puis, je ne suis pas au courant de cette interdiction". Saba qui était
proche de la cellule",
"dit au supérieur: "J’ai bien voulu remplir la lanterne du Père Charbel de
l’huile mais le dispensier a refusé; en retournant, j’ai vu que le bidon
métallique contenait de la cendre et de l’eau dont j’ai rempli la lanterne". Le
supérieur l’ouvrit la vida et s’assura que c’était de l’eau. Alors, il n’a pas
pu cacher ses émotions et alla raconter ce fait qui se répandit au couvent".
"Le matin, le supérieur appela le Père Charbel et lui dit: "Si tu
veux aller à l’ermitage pour servir les ermites, je n’ai pas d’inconvénient".
Père Charbel lui répondit: "Il y a une grande différence entre mon désir et
l’ordre du supérieur, si vous m’y ordonnez, j’obéis et j’y vais". Le
supérieur répondit: "va". Père Charbel s’agenouilla demandant sa
bénédiction. Le supérieur récita une prière et le bénit. Il se rehaussa
exprimant sa gratitude, se dépêcha
de réunir ses livres spirituels, ceux des offices qu’il mit dans le sac de la
paillasse avec sa couverture, lia le tout avec un cordon, mit son fardeau sur
son dos, entra à l’église pour visiter le Saint Sacrement et se dirigea vers
l’ermitage".
9- Pourquoi a-t-il été envoyé à
l’ermitage ?
Père Charbel ressentait le vif désir de se retirer du monde. Cette
tendance s’est clarifiée après son ordination sacerdotale, car il n’a pas
adressé une demande de le dispenser du travail manuel qu’il exerçait avant son
sacerdoce. Sa présence dans ce couvent champêtre, loin des villages, ne fut pas
à sa propre demande, mais par ordre de l’autorité, d’où il s’appliquait à la
même discipline comme tous les moines qui après l’office de prière en chœur et
la méditation, s’en allaient au champ pour travailler, à l’exemple des anciens
moines.
Mais puisque, dans ces derniers temps, il était moins fréquent de voir
des moines travaillaient au champ, vu le besoin des paroisses de leur présence,
l’assiduité du Père Charbel à se trouver et au couvent et au champ était une
chose très rare qui reflétait sa conviction dans cette vie, et je crois son
attachement au silence et sa préférence
d’éviter
la fréquentation, non seulement des gens, mais aussi, celle de ses
confrères
sans le demander, les supérieurs satisfaisaient ces désirs, parce qu’ils
réalisaient sa passion pour la pauvreté absolue et les dures
mortifications étranges auxquelles il s’appliquait; on le laissait au couvent,
sans lui confier le ministère des
paroisses",
"pour ne pas le troubler dans ses réflexions sublimes, et rester ainsi serein au couvent à donner le bon
exemple dans la prière dans la messe, dans le travail, dans les dissensions
théologiques et pour confesser quelques fois les hommes".
"On l’a envoyé à l’ermitage après avoir trouvé qu’il le vivait avant d’y
entrer",
"sa vie anachorétique dans l’ermitage, c’est autre qu’un prolongement de sa vie
communautaire au couvent depuis le noviciat… là, il n’y avait aucune différence;
c’est avec raison qu’on l’a appelé miracle des anachorètes".
"Au couvent, il menait une vie d’ermite et d’anachorète. Je ne
l’ai jamais entendu dire: "Je suis fatigué; j’ai faim; j’ai soif ".
"Depuis son entrée dans l’Ordre, il vivait en ermite",
"car sa vie au couvent était celle d’un ermite".
"Lorsqu’il s’est engagé dans l’anachorétisme, il l’a fait par obéissance à ses
supérieurs et non pas à sa demande, car il n’avait pas de tendance particulière,
du moment qu’il menait une vie d’ermite au couvent, son mérite d’être à
l’ermitage n’est pas supérieure à celui du couvent".
D’autre part, ses confrères ne pouvaient plus supporter sa sainteté
"car, par son exemple, moines et ermites conservateurs ou non, se sentaient
réprimandés; de là, s’il arrivait à quelqu’un d’eux d’avoir eu l’envie
de manger un seul rain de raisin, en voyant Père Charbel, il se sentait honteux
de lui-même pour rejeter le raisin".
10- Servant d’Alichaa
"C’est l’ermite Alichaa Al-Hardini qui a demandé l’entrée du Père
Charbel à l’ermitage qui a immédiatement accepté".
"Après ma prise d’habit monastique,
on m’a muté au couvent de Annaya alors que Père Charbel l’avait déjà quitté pour
l’ermitage. Il y servait le Père Alichaa et un autre ermite".
"Dans son service, il était toujours obéissant, et en particulier, au Père
Alichaa Al-Hardini",
"Père Charbel servait ses frères les
ermites",
en particulier, "l’ermite, le Père Alichaa, à qui il
amenait du couvent son manger, son boire et lui servait la messe. Parfois, il
revenait au couvent pour y dire sa messe parce qu’il n’avait personne pour la
lui servir à l’ermitage. Il y est resté assidu pendant 6 ans".
11- Il leur a béni la jarre
d’eau
"Avant l’engagement du Père Semaan de Ehmej dans l’Ordre,
les sauterelles envahirent la région, vinrent les habitants de Ehmej demander au
Père Charbel de leur bénir l’eau pour en asperger leurs vignes et leurs champs
afin d’éloigner les dommages que les sauterelles causaient. L’eau étant bénie,
ce fut le Père Semaan en personne qui la porta, aspergeant les vignes, proches
de l’ermitage; ainsi les sauterelles s’en éloignèrent, et les vignes furent protégées bel
et bien".
12- Alichaa recommande Charbel … d’être son
successeur
"Après 44 ans et demi passés dans l’ermitage de Annaya, le Père Alichaa
est décédé à force de l’âge, le 13 Février 1875, à l’âge de 76 ans, muni des
derniers sacrements. Il est resté conscient jusqu’à la dernière minute de sa
vie; fut enterré dans un cercueil en bois, le dimanche, 14 février à 8h et posé
dans le cimetière du couvent Saint Maron. Nombreux étaient ceux qui ont
participé à ses funérailles";
"Alors, le supérieur, Élias de
Mechmech ordonna
Père Charbel de devenir officiellement ermite
avec le Père Libaos
Al Ramaty. Ainsi a-t-il réalisé son désir".
13- Charbel abandonne les préoccupations économiques d’Alichaa
"Selon l’habitude des ermites avant lui, ils défendaient de couper les
bûches dans les bosquets de l’ermitage, du fait de ses proximités du couvent,
préférant aller plus loin, dans des endroits incontrôlés; Père Charbel a
contrarié cette coutume des prédécesseurs, laissant cette question au bon
escient et prudence du supérieur; toute sa vie durant, il se soumettait à
l’obéissance aveugle; et il en est ainsi de la question de collecter des revenus
des vœux et autre comme le faisaient d’autres pour acheter des terrains au
profit du couvent. Quant au Père Charbel, il les livrait au serviteur qui devait
les remettre au supérieur qui s’en disposait comme il le trouvait convenable,
sans émettre aucun avis, ayant la conviction que ce que les responsables
décidaient et était
par excellence le meilleur".
14- Décès de la mère de Charbel
"Le 2/6/1875, l’épouse du curé Abdel Ahad Makhlouf, et après avoir reçu
les derniers sacrements, a rendu l’âme dans la foi de la vraie Église du Christ,
en la présence du curé Youssef Makhlouf. Elle était dans la confrérie de
l’Immaculée Conception. Elle fut enterrée dans le cimetière".
15- Une lune parmi les
étoiles
"Sa vie dans l’ermitage n’a pas différé de celle au couvent; sauf qu’il
s’appliquait à la discipline des ermites";
"il n’a jamais manqué aux plus petits des devoirs et obligations des ermites";
"il y a saisi l’occasion de répondre à son désir avide d’aller plus loin dans
l’ascétisme et la mortification se satisfaisant d’un seul repas par jour",
"même il dépassait la règle par plus d’ascétisme pour porter le cilice et la
ceinture en fer épineux;
toujours avec l’autorisation
des supérieurs".
"Il était ermite; je n’ai jamais vu de toute ma vie, un ermite pouvant
l’égaliser dans la vertu et l’observation de la règle, même parmi les moines
dévots".
"Il a surpassé tous les ermites"
"pour qui il était comme la lune parmi les étoiles";
"un ermite distingué plus que les plus justes moines et des communs, comme se
distingue le grand chêne de l’arbrisseau épineux".
"Sa vie fut angélique et céleste".
"Sa personne représente la chasteté, la gravité, la foi vivante, l’amour de Dieu
et du proche. En lui, ruissèlent les 3 vœux monastiques, en fond et en forme.
Pour nous et pour ceux qui le connaissent, nous n’avions aucun doute à l’égard
de sa sublime sainteté".
16- Servant des ermites (Jn 13,14)
"Père Makarios de Mechmech
entra à l’ermitage de Annaya le 25 Avril 1880, avec l’autorisation du Supérieur
Général Martinos de Ghosta".
"Père Charbel alors, venait au couvent pour préparer aux deux ermites, les Pères
Makarios de Mechmech et Libaos Al Ramaty leur manger et boire"
"pour une semaine qu’il mettait dans un sac en poil de chèvre et
le transporter sur son dos",
"car il les servait"
"et se considérait comme serviteur à son compagnon, l’ermite, le Père Makarios
de Mechmech".
17- Reviens à l’ermitage
"Père Charbel a été chargé de veiller sur le terrain planté de
concombres et le garder contre les renards. Le matin, le Père Makarios trouva
que le terrain a été dévasté; il a réprimandé Père Charbel pour sa négligence;
alors il dit: "j’ai vu que les petits des Chacals avaient faim, j’ai eu pitié
d’eux et je les ai laissés manger". Père Makarios répondit exaspéré: "Va
dormir au couvent".
Il y arriva en retard"
"et entra dans sa cellule vide et la lanterne, qu’il n’a plus utilisée depuis
des années, était aussi vide";
"il est allé auprès du cuisinier pour la remplir d’huile; le cuisinier répondit:
"le dépensier est parti, moi-même, je n’en ai pas". Il le pria de lui en donner
un peu; le cuisinier prit la lanterne, la remplir d’eau au lieu de l’huile et la
lui rendit" ;
"et la voilà qui s’alluma et pour une durée plus longue que l’huile. Je m’en
suis assuré auprès de ceux qui ont rempli
la lanterne d’eau".
"Après deux heures d’absence, le dépensier, frère Francis entra dans la cellule
du Père Charbel pour trouver la lanterne allumée; il s’en approcha, l’examina et
y trouva de l’eau; le frère s’effraya, n’osa rien lui dire".
"Il raconta devant moi, au Père Élias de Mechmech: "on a mis de l’eau dans la
lanterne du Père Charbel au lieu de l’huile et la lanterne s’alluma; moi-même,
j’ai été pour examiner la lanterne et j’y ai trouvé de l’eau".
"Après le miracle de la lanterne, le supérieur ordonna Père Charbel de rentrer à
l’ermitage après qu’il en eut été chassé par le Père Makarios".
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