Le 10 novembre 1994, l’Ordre Libanais Maronite et celui des
Mariamites célébrèrent le
tricentenaire de leur fondation. Pour l'occasion, ils
organisèrent dans tout le pays des
festivités
officielles et populaires, religieuses, spirituelles, artistiques, intellectuelles et
sociales, les accompagnant de plusieurs publications.
La nuit de ce 10 novembre, comme à son habitude, M.
Raymond Nader, un jeune homme marié, priait en plein air devant l’ermitage de Saint Charbel. Cette même nuit-là fut
différente de toutes les autres nuits et pour cause. L’expérience particulière
qu’il allait vivre et qui allait lui faire découvrir l’amour de Dieu en sa
providence, va transformer sa vie de fond en comble. Voici son
récit:
“J’étais en train de prier comme je le faisais
depuis plusieurs années, devant l’ermitage de Saint Charbel à Annaya. Sans
que je sache comment, je me trouvai propulsé subitement dans un autre monde.
Tout était devenu immobile. Je ne voyais plus ni mes bougies allumées, ni sol ni
arbres; je n’entendais plus aucun son. Je ne sentais plus mon corps. Je voyais
comme à travers d’autres yeux, j’entendais avec d’autres oreilles. Ce qui ne
m’était jamais arrivé de ma vie. J’étais submergé par des émotions que je n’avais
jamais connues. C’est comme si mon cœur n’était plus de chair ni de sang. Je me
voyais baigné d’une lumière étrange qui ne ressemblait à aucune autre lumière
habituelle, elle était plutôt une mer de lumière étendue d’un bout à l’autre de
l’univers…tellement immense que le soleil, à comparer, semblait à peine une
veilleuse… Ce n’était pas une lumière ordinaire car malgré toute son intensité,
elle ne m’aveuglait pas, elle ne me brûlait pas. Elle était plutôt douce,
tendre, forte et puissante à la fois. Elle avait la couleur du cristal
transparent et très pure… Je me suis sentis très minuscule, nageant dans une mer
de lumière splendide. J’étais comme un fœtus porté par les entrailles de sa mère…
Un sentiment ineffable d’émerveillement m’envahit.
Je ne saurais pas dire si j’étais debout, assis ou
bien dans une toute autre position. Ce que je sais c’est j’étais en présence
d’un Être suprême, irisé de lumière. Je sentais que j’étais enveloppé d’un amour
immense de tendresse et en même temps, en communion avec tout l’univers, comme
si je faisais un avec le cosmos.
Je me suis engagé dans une sorte de dialogue
extraordinaire avec cette Présence lumineuse d’une manière étrange, car elle me
parlait sans parole, sans aucun son, mais d’une façon plus éloquente que toute
autre langue. Elle s’adressait directement à mon âme et à mon cœur, sans passer
par mes oreilles ni par mes sens, d’ailleurs devenus invalides.
Je me suis dit: "je rêve…". Elle m’a répondu en me faisant
comprendre sans équivoque que je ne rêvais pas. J’ai pensé que j’étais sûrement
inconscient. De la même façon précise et merveilleuse, elle m’expliqua que
j’étais en ce moment-là au point culminant de l’éveil que je n’ai jamais connu
de toute mon existence.
Je me demandais où j’étais, ce que c’était cette
lumière, qui était mon interlocuteur. J’étais saisi par un sentiment de
plénitude et de quiétude d’une telle intensité que mon bonheur était sans
limite.
Ma sérénité était parfaite, baigné par un amour
transparent et puissant qui dépasse des millions de fois tout ce qui se trouve
dans les cœurs de tous les humains… un amour fort et grandiose incomparable à
celui des hommes. C’était autre
chose, un amour divin que seule cette lumière pouvait
offrir.
Lorsque ce sentiment magnifique me gagna et que je
me fondis en lui, je l’entendis me dire: "c’est moi". J’ai eu l’impression que
je le connaissais depuis toujours, depuis ma naissance ou peut-être même d’avant
ma naissance. Je sentis qu’il me connaissait parfaitement depuis que je fus
modelé dans les entrailles de ma mère, même avant que je n’y ai été façonné,
comme si elle réalisait plus que moi-même toutes les particules de mon corps, ce
qui se trouvait dans les cellules
de mon cerveau, les pensées de mon âme et les émotions de mon cœur… je sentis
que j’étais complètement nu devant elle et qu’elle me transperçait d’un bout à
l’autre. Rien en moi ne lui échappait, je sentis qu’elle s’infiltrait dans tous
les coins de mon être…
Je me suis dit comme je voudrais que cette lumière
demeure toujours là et que je demeure en elle. Si elle venait à disparaître
qu’elle m’emporte avec elle. La lumière me rétorqua à sa manière comme si elle
me disait: "Je suis toujours ici et ailleurs; je ne vais nulle part… je suis
toujours dans le temps et hors du temps, dans l’espace et hors de l’espace".
Cette expérience s’est répétée 22 fois jusqu’à ce
jour. Et à chaque fois Mr Raymond Nader recevait un message dont je publie
ci-après la plus grande partie; il en reste encore six autres
inédits:
1-Le Christ est la vérité de
l’amour incarné
"Avant le commencement était l’amour. Par lui, tout fut
créé de toute éternité, sans lui, rien n’aurait existé. Depuis l’origine était
l’amour qui est le fondement de l’univers, la loi et le terme de toute chose.
Rien ne restera, tout périra hormis l’amour. Dieu est amour et vérité.
Dieu est le véritable amour. L’univers de Dieu est celui de l’amour, celui de la
vérité; et il n’y a pas de vérité en dehors de l’amour. L’homme ne se réalise
qu’à travers l’amour; il ne parvient à la vérité qu’en Dieu. Il appartient à
Dieu parce qu’il est le fils de l’amour, le fils de Dieu et sa véritable demeure est en
Dieu.
Il y a un chemin qui mène à l’univers divin, le
Christ est ce chemin. Il est la vérité incarnée. Il est la manifestation
de la vérité, de la vie. Tout homme est appelé à traverser ce chemin durant son
voyage dans ce monde vers l’au-delà. Et comme pour chaque voyage dans ce monde,
l’homme doit s’approvisionner, la seule provision et la seule arme c’est
l’amour. Cet amour ne peut qu’englober tous les hommes gratuitement, sans
conditions ni limites. C’est ainsi que Dieu vous aime. Aimez-vous donc les uns
les autres de ce même amour qu’est l’amour de Dieu.
Laissé à lui-même, l’homme ne peut pas s’offrir cet
amour. Il se le procure de Dieu en Jésus Christ par l’Esprit. Pour ce faire, il
faut prier. Par la prière seulement s’acquiert l’amour de Dieu le Père, source
de l’amour, par Dieu le Fils, Jésus Christ, amour incarné, par l’Esprit de Dieu,
Esprit d’amour. Priez donc pour avoir cet amour afin que vous aimiez tous les
hommes gratuitement, sans limites ni conditions comme Dieu vous aime. Vous serez
alors les fils de Dieu. L’homme est né du cœur de Dieu, et au cœur de Dieu il
retournera.
2- Et vous réalisez le but
pour lequel vous avez été créés
Qu’ont-ils les hommes à descendre alors que
le chemin du Seigneur monte?
Les gens sont chargés de nombreux fardeaux qui leur
courbent tellement le dos que leurs fronts touchent le sol, les empêchant de se
redresser et de rehausser la tête pour voir la face de Dieu. Ils essaient de
s’en libérer; chacun s’en débarrasse pour s’en charger d’autres manières pour se
trouver finalement assujetti par des fardeaux encore plus lourds.
Jésus Christ est le seul capable d’affranchir tous
les hommes de leurs fardeaux, car un esclave ne peut pas libérer un autre
esclave. L’homme naît lié par des cordes et ligoté par des chaînes auxquelles il
s’habitue tout au long de sa vie; nombreux sont ceux qui meurent sans s’en
affranchir.
Les gens s’accoutument à leurs chaînes, ils les
chérissent comme faisant partie intégrante d’eux-mêmes, si bien qu’il leur
devienne difficile de s’en délivrer. Leurs chaînes brillantes éblouissent leurs
yeux pour ne plus voir la face du
Seigneur. Leur vacarme assourdissant les empêche d’entendre sa voix. Ils sont
tellement fiers de l’éclat de leurs entraves et de leurs tintamarres qu’ils en
tombent amoureux. Les chaînes ont beau briller, elles ne restent pas moins
aliénantes. Au lieu de les astiquer, brisez-les; au lieu d’en faire de la
musique, déliez-les pour vous en affranchir.
Le Seigneur souffre de voir les gens, pour qui il
s’est fait chair, est mort et ressuscité afin de leur donner la vie et le
bonheur éternel, enchaînés, cherchant leur félicité là où il ne la trouveront
pas.
Votre bonheur dans ce monde n’est pas de ce monde;
car si vous étiez de ce monde vous y seriez restés.
Votre bonheur ne réside pas dans la matière; car
elle ne vous le procurera pas. Pourquoi les hommes courent-ils à la recherche de
l’or? L’homme est bien plus cher que l’or! Il est le fils de Dieu et sa valeur
est en lui-même. L’or ne libère pas l’homme de ses attaches, il ne fait que les
rendre plus brillants seulement.
Votre bonheur ne provient pas des hommes qui ne
peuvent pas vous l’offrir, parce qu’ils ne le possèdent pas, et nul ne peut
donner ce que ne lui appartient pas.
Jésus seul est capable de vous donner le vrai
bonheur. Seulement, les hommes vivent entre le bitume et le béton. Leurs esprits
se noircissent comme le bitume et leurs cœurs s’endurcissent comme le béton.
Leurs raisons ne produisent que des idées sombres et leurs âmes se vident de
tout amour. Les hommes sont à l’image d’une matière inerte et sans âme,
quelques-uns ressemblent à des rochers mobiles qui sentent le péché. Orgueilleux
qu’ils sont, ils s’obstinent à se procurer le bonheur dans le péché qui ne leur
cause que de l'inquiétude, de la tristesse, de la misère et du vide. Ils sont
devenus orgueilleux vis-à-vis d’eux-mêmes, les uns contre les autres et contre
le Seigneur. Ne réalisez-vous pas que le Seigneur est capable de les réduire en
un clin d’œil en poussière? Mais l’amour de notre Dieu est grand. Il aime
les hommes d’un amour sans limite parce qu’ils sont ses fils et ses filles. Il a
voulu qu’ils soient la lumière du monde, à son image.
Tout homme est une flamme, créée par notre Seigneur
pour éclairer le monde. Tout homme est une lampe faite par lui pour rayonner et
donner une lumière. Celui qui se procure d'une lampe, c’est pour éclairer
l’obscurité. La lampe est faite pour illuminer l’obscurité. Mais ces lampes, les
hommes, ne s’intéressent qu’à leurs apparences: ils colorient leurs verres
et les couvrent de parures, alors que Dieu les a créés fins et transparents pour
protéger et propager la lumière. Ils sont devenus épais et durs au point de
dissimuler la lumière; et le monde reste plongé dans le noir. Ces lampes que
notre Seigneur a faites pour être porteuses de la lumière au monde se
transforment en œuvres d’art, enjolivées et teintées, mais sans lumière. A quoi
sert une lampe qui n’éclaire pas l’obscurité? On ne peut voir une lampe dans
l’ombre que si elle est allumée.
Quelle qu’elle soit la beauté de la lampe, sa
lumière est encore plus belle. Le monde se perd dans l’obscurité, soyez-en la
lumière. Ramenez vos verres à leur minceur et à leur transparence afin
d’éclairer le monde et de réaliser le but pour lequel Dieu vous a
créés.
Notre Seigneur a réservé un but à réaliser à chaque
créature dans la vie: Contemplez toutes les créatures de la terre et vous
trouvez que chacune d’elles effectue son travail avec précision et honnêteté;
pas une seule n’est misérable. La créature la plus misérable sur la terre est
sûrement plus heureuse qu’un homme pécheur qui, au moment du jugement, se tient
honteusement devant la grandeur de l’amour de Dieu: cet amour, qui a créé
l’univers, qui a donné la vie, est le seul trésor amassé qui durera
pour vous accompagner dans l’autre monde.
Tous vos trésors, votre argent et vos réalisations
dont vous pensez être les possesseurs ici-bas, même vos os ne vous
appartiendront plus. Celui qui comparaît devant le Seigneur, vide d’amour, mourra de honte. C’est là sa véritable
mort et non plus le moment où il rend l’âme.
Si l’homme ne se transforme pas en amour, il meurt,
car Dieu est amour, un amour qui est éternel. Laissez-le remplir vos cœurs et
que l’humilité commande vos esprits. Priez et convertissez-vous. Priez Jésus
Christ, il vous exaucera; ouvrez-lui vos cœurs, il y entrera et vous donnera la
paix. Priez du fond de vos cœurs sans rabâcher.
Ne vous vous donnez pas la peine de chercher la
vérité loin du Christ; aucune vérité n’existe hors de lui. Le Christ est la
seule vérité. Lorsque vous connaissez le Christ, vous connaîtrez la vérité et
vous serez libres. Le Christ veut que vous soyez libres. N’ayez pas peur, prenez
courage; sachez que le Christ a vaincu le monde.
3- Votre œuvre dans ce
monde
Le Christ est le chemin. Soyez fermes dans le Christ et persévérez dans son chemin,
ne laissez rien vous en détourner. Accordez à chacun de vos frères un petit
moment. Montrez-lui le chemin, orientez-le vers la lumière: s’il veut marcher à
côté de vous, demandez-lui de vous précéder; s’il veut que vous lui teniez la
main, tendez-lui les deux; s’il tente de vous dévier du chemin ou bien de vous
retarder, libérez-vous de lui, car le chemin est long. Immense est l’œuvre.
Semez la terre de prière, d’encens et d’amour. Semez dans les rochers parce
qu’ils peuvent contenir une poussière de terre, capable de faire germer votre
semence. S’il vous faut broyer le roc, frappez-le sans relâche; s’il ne se casse
pas du premier coup, il finira par se briser au centième coup. Si vous vous
lassez, d’autres le feront à votre place, laboureront et sèmeront. Il y a un
temps pour la semence et un temps pour la moisson.
Ne craignez pas d’effriter les rochers, car le bras
est le vôtre, mais ni la terre ni la hache sont pas les vôtres. Ne râlez
pas, ne vous plaignez pas, ne vous agitez pas. Les épis qu’on écrase pour en
séparer la paille ne se plaignent sous le poids de la herse qui bat le blé ni de
la dureté de l’air, parce qu’ils se préparent à devenir pain et
nourriture.
Les raisins ne s’agitent pas quand on les écrase et
on les presse parce qu’ils vont devenir du vin pour la joie. Sans croix, on
n’obtient ni pain ni vin. Qui se veut devenir pain et vin doit porter la croix.
Portez donc la croix et dirigez-vous vers la lumière.
L’homme, dans ce monde, qui veut passer de la rive
obscure à celle de la lumière éternelle, traverse les mers de ce monde au bord
de nombreux bateaux:
1- Il y en a de très beaux, de très luxueux et de très
confortables, car ils suivent leurs penchants en direction du vent et leurs
gouvernails plient avec les vagues. Ils n’affrontent ni vent ni vagues, parce
qu’ils n’ont pas de direction et ni de but à atteindre. Ces bateaux attirent la
majorité des gens qui ne vont pas loin, puisqu’ils ne font aucun effort pour
arriver à la bonne destination. Nulle traversée de la mer de ce monde n’est
éternelle. Elle prend toujours fin et les passagers de ces bateaux-là finissent
au fond des eaux, pas loin du rivage d’où ils sont partis.
2- Une deuxième espèce de bateaux dont les voiles sont minces
et le bois fragile se brise au large avec la haute marée et le redoublement des
tempêtes. Ainsi finissent leurs passagers quelque part au fond de la mer
profonde.
3- Une troisième espèce de bateaux au bois dur, aux
voiles fortes et dont la forme est belle et séduisante, mais dont le pilote
promène les passagers entre des rives mortelles. Aussi, les passagers
trouvent-ils la mort sur l’un de ces rivages mortels dont le retour serait
impossible.
4- Il y a aussi le bateau du Seigneur, au bois dur,
aux voiles résistantes, dont le
pilote est plein de sagesse, de vaillance et d’amour. Ce bateau traverse les
mers profondes, résiste aux vents et aux tempêtes, si violentes soient-elles,
transperce la haute mer au large. Ce voyage est incommode, mais son accostage
est sûr.
Soyez fermes sur le bateau du Seigneur. Ne craignez
pas les tempêtes ni la marée haute. Ne laissez pas les bateaux luxueux vous
séduire au point d’y monter à bord, car vous y raterez le but. Occupez-vous de
la fin à laquelle il faut aboutir, plutôt que du voyage lui-même. Ne laissez pas
les profondeurs de la mer vous charmer. Ils vous servent de passages et non pas
de demeures. Vous ne pouvez pas être en même temps au bord du bateau et dans la
profondeur de l’eau, non plus au bord de deux bateaux en même temps.
Tenez bon au bord du bateau du Seigneur et
raffermissez vos frères à chaque port où vous accostez. Appelez les gens à
prendre part à votre voyage pour partager avec eux l’arrivée au but. Parlez-leur
de votre pilote et du rivage de la lumière. Mais soyez sûrs que ce ne sont pas
les paroles qui inviteront les gens à monter à bord du bateau du Seigneur, mais
plutôt votre confiance, votre foi en lui et la joie qui transparait sur vos
visages.
Assurez-vous que le voyage à bord de ce bateau aboutisse au visage de lumière pour
continuer à vivre d’elle et par elle; car l’homme est une créature universelle
dont les limites sont celles de la lumière et non pas une créature terrestre aux
limites de poussière et d’eau. L’homme est fait de poussière et de lumière:
celui qui vit dans la poussière, retournera à la poussière et y mourra,
tandis que celui qui vit dans la lumière, retournera à la lumière et y vivra. Ne
laissez pas la poussière vous limiter, car les limites de votre patrie dans ce
monde s’étendent vers des lieux où finit la mer et par ou commence le ciel. Ne
permettez pas que la poussière vous asservisse; soyez libres et la liberté
réside dans l’affranchissement du péché; si vous êtes libérés du péché, rien ne
peut vous soumettre à l’esclavage alors que si vous êtes esclaves du péché, vous
serez considérés comme esclaves, même si vous portez à la main le spectre du
roi. Demeurez dans la grâce et dans l’humilité. Soyez de véritables témoins de
Jésus Christ. Rendez le bien pour le mal mais ne prenez pas l’amour comme
prétexte pour vous dérober à l’affrontement du mal. Le laboureur ne s’arrête pas
devant les pierres comme prétexte pour cesser de labourer. N’ayez pas peur, le
mal se détruit lui-même.
"Engagez-vous totalement dans l’Église et adhérez à
son enseignement. Persévérez dans la prière sans relâche. Vénérez votre mère la
Vierge Marie, armez-vous du chapelet, car le nom de la Vierge Marie dissipe
l’obscurité et écrase le mal. Soyez des moines au cœur du monde même si vous
n’en portez pas l’habit. Remplissez la terre de prière et d’encens. Soyez des
saints pour sanctifier la terre. Le chemin de la sainteté est long, mais soyez
sûrs que si les pensées de Dieu sont dans vos esprits et son amour dans vos
cœurs, sa force consolide vos bras et vous aboutirez au but. Assurez-vous que
chaque fois que vous priez je prie avec vous pour vous sanctifier; et ainsi le
nom du Seigneur sera glorifié."(Parole
de Saint Charbel)
4- Il faut vaincre la
faiblesse
À chaque serrure sa clé. À chaque porte
sa serrure qui ne s’ouvre qu’avec la clé qui lui appartient. La mort a fermé la porte et le péché l’a bloquée.
La croix est la clé qui libère la serrure du péché et le verrou de la mort; la
croix ouvre la porte du ciel et il n’y en a pas d’autres.
La porte du ciel se trouve là où se rencontrent le
ciel et la terre, au sommet du calvaire. La porte est connue, palpable et
visible; quiconque a des yeux peut la voir. Quelques-uns pensent qu’elle n’a pas
de serrure et s’ouvre si on l’enfonce; mais quand on s’en approche, on réalise
qu’elle a une serrure qui ne s’ouvre qu’avec sa clé.
Nous ne pouvons pas connaître la bonne clé que si
on l’introduit dans la serrure. Il n’y a qu’une seule vraie clé, c’est la croix du Christ. Ne vous
fatiguez pas à chercher d’autres clés pour ouvrir la porte du ciel ou bien à en
fabriquer d’autres. Nombreux sont ceux qui passent leur vie à concevoir leurs
propres clés, croyant quelles seraient capables de leur ouvrir la porte; mais
nombreux aussi sont ceux qui se moquent de la croix du Christ. Devant cette
porte, la vérité éclate et on constate alors que toutes les clés sont
vaines.
Toute votre vie est un voyage en direction de cette
porte; et vous y arriverez à la fin de votre pèlerinage, ayant la clé en main,
vous ouvrirez et entrerez; sinon vous vous arrêterez devant la porte sans
pouvoir accéder à l’intérieur, car les clés que vous avez sont de votre propre
fabrication. Vous en serez déçus. Portez donc la croix du Christ et vous aurez
la clé du ciel.
Portez la croix du Christ avec joie, ardeur et
courage. Ne pleurez pas, ne vous lamentez pas chaque fois que vous échouez. Les
pleurs et les lamentations ne font pas l’histoire du salut, de même que la porte
du ciel ne s’ouvre pas en se frappant la poitrine et en poussant des cris de
lamentation. Ce sont les larmes de conversion qui font l’histoire du salut. Une
seule larme suffit pour ouvrir la porte du ciel, la larme du repentir qui
mouille la joue du croyant courageux.
Portez la croix du Christ et suivez ses pas, vous
trouverez la Vierge à vos côtés, comme elle l’a fait pour le Christ. Chaque fois
que vous vous sentez blessés, dites: avec les plaies du Christ. Quand vous
souffrez, dites: avec les souffrances de Jésus. Quand on vous persécute, qu’on
vous maltraite ou qu’on vous offense, dites: pour la gloire du
Seigneur.
Il faut vaincre votre faiblesse et non pas en faire
un prétexte pour vous laisser aller. Si vous portez la croix du Christ, nulle
souffrance ne peut vous plier, nulle fatigue ne peut vous abattre; vous
marcherez fermement, avec patience et silence. Une fois arrivés devant la porte,
vous sentirez que la joie de votre passage dépasse de beaucoup votre souffrance
et votre fatigue durant la marche.
Le bonheur de votre arrivée au but dépassera le
bonheur de votre cheminement. Le chemin de votre calvaire dans ce coin du monde
est long et la croix du Christ dans cet Orient, vous la portez sur vos épaules.
Vos ennemis sont nombreux parce qu’ils sont ceux de la croix; ne les prenez pas
comme ennemis; parlez-leur toujours avec le langage de la croix, même s’ils vous
sont hostiles à cause d’elle. Les mois et les années à venir seront très
difficiles, très dures, ameres et aussi lourdes que la croix. Supportez-les en
priant. Que votre prière émane de votre foi, que votre patience dégage
l’espérance, que la croix fasse grandir votre amour.
La violence régira toute la terre. La planète sera
poignardée par les couteaux de l’ignorance et de la haine. Tous les peuples qui
vous entourent chancelleront sous le poids de la souffrance; la peur s’abattra
sur toute la terre comme des tempêtes; la tristesse débordera du cœur de tout le
monde. Des hommes ignorants et hostiles présideront au destin de tous leurs
peuples, les entraînant dans les voies de la misère et de la mort, à cause de la
rancune aveugle qu’ils surnommeront "justice" et à cause de l’ignorance lugubre
qu’ils appelleront "foi". La rancune et l’ignorance prédomineront les quatre
coins du monde. Résistez et soyez fermes dans la foi et la charité. La face de
la terre changera, mais vous conserverez la face du Christ. Des frontières, des
communautés et des régimes seront effacés et réinscrits de nouveau, des peuples
chancelleront sous le poids du feu et du fer; mais vous conserverez votre amour
sans frontières. Sauvegardez votre communauté ecclésiale et que votre régime
soit l’évangile. Soyez l’ancre qui guide les bateaux errant sur des mers
houleuses; que vos cœurs soient le port du salut de tout homme perdu, égaré et
qui demande protection. Par vos prières vous pouvez faire pleuvoir la
miséricorde et irriguer la terre de votre charité. Priez pour attendrir les
cœurs endurcis, pour ouvrir les esprits obscurcis, pour soulager des
catastrophes et des horreurs. Enfin de compte n’ayez pas peur, car la lumière du
Christ s’élèvera et resplendira, la croix et l’Église s’illumineront. Tenez bons
dans votre foi en Christ, n’ayez pas peur, ayez confiance en Dieu de la
Résurrection et de la vie. A lui soit la gloire éternellement.
5- Le centre de
l’univers
Tout l’univers se meut autour du mystère de la croix.
L’homme croyait que l’univers tourne autour de sa personne, or la croix est le
centre de l’univers; donc celui qui veut être au centre de l’univers doit être
avec le crucifié sur la croix. Celui qui ne vit pas le mystère de la croix ne
peut pas comprendre le mystère de l’univers.
Tout homme a une forme et une entité dans l’espace
et le temps. Il est comme un morceau de glace qu’on veut garder loin du feu pour
qu’il ne fonde pas. À quoi sert ce morceau de glace s’il veut à tout prix conserver sa forme et son entité? Si la glace ne
fond pas, elle ne pourra pas s’infiltrer dans la terre pour irriguer la terre et
pour étancher la soif des humains. Ne craignez pas le feu qui est capable de
vous faire fondre pour vous transformer en eau de vie qui arrose la terre. Que
votre amour soit comme l’eau qui pénètre partout, ne la laissez pas être comme
une masse rigide, telle que vous l’avez, vous-mêmes, conçue, forme inexploitable
nulle part.
Le sel qui ne fond pas est inutile à saler. Le sel
corrompu trouble l’eau et corrompt la nourriture; le bon sel se fond et
disparaît dans l’eau. Il ne donne pas à la nourriture ni forme ni couleur, mais
en rehausse la saveur. Vous êtes le sel de la terre: si vous faites de votre vie
une propriété privée, elle sera vaine; alors que si vous la donner, sa valeur
augmente. Elle atteindra sa plénitude quand elle sera la propriété de tous. Le
pain est le même qu’il soit sur la table des riches ou des pauvres. Le pain
délicieux, à sa sortie du fourneau, ne cherche pas à savoir par qui il sera
mangé. L’homme bon est un bon pain. Sans la croix, l’histoire de l’homme serait
vide parce qu'elle sera éphémère. La croix demeure. C’est elle qui vous
sanctifie dans le temps.
Pour Dieu, le commencement de la création et la fin
de l’univers s’effectuent ensemble, dans le présent. Si vous sanctifiez le
moment présent de votre vie par l’amour, vous réaliserez le mystère de
l’éternité. Par l’amour l’homme demeure éternellement en Dieu. Sanctifiez le
temps, sanctifiez votre vie par l’amour, sanctifiez chaque moment de votre vie.
Ne laissez pas l’horloge vous distraire car vous ne pouvez pas l’arrêter; vous
pouvez seulement être prêts quand votre heure arrive. Quiconque éloigne Dieu de
sa vie, de son esprit et de son cœur, le temps l’écrasera et il plongera dans la
mort; cela ne signifie pas que Dieu n’existe pas, c’est plutôt lui-même qui
n’existe plus. Comme la lumière montre aux yeux ce qui existe, ainsi le Christ
révèle-t-il l’existence à l’esprit et au cœur.
Sans la lumière, l’œil de l’homme ne voit pas ce
qui existe. Sans le Christ, l’homme ne voit pas l’existence. Dieu créa la
matière et établit l’ordre des choses; il créa l’esprit, insuffla à l’âme de son
souffle et lui donna la vie. Et comme il en est pour l’esprit qui comprend
l’ordre établi et réalise la matière au moyen de la logique et de l’analyse, il
en est de même pour l’âme qui réalise l’amour de Dieu, le mystère de l’univers.
Elle vit de la foi, de la prière et de la vraie adoration.
Il y a des fleurs qu’on cueille au printemps pour
l’ornement, d’autres vieillissent pour donner de nouvelles graines en automne.
Il y a des fleurs dont les pétales sont essaimées par le vent et dont le parfum
se sent au lointain jusqu’à en remplir la terre. Dans chaque mouvement Dieu a
mis sa sagesse, priez donc pour la comprendre et vivre selon sa volonté et non
pour la changer. La volonté du Père vise toujours votre bien.
Parfumez-vous de l’odeur des chênes et du thym. Ne
portez pas les couleurs de ce monde et n’exhalez pas ses odeurs. Les retouches
des doigts de Dieu en vous sont plus importantes que tout ce dont le monde vous
vêtira et qui passera. Marchez à pas fermes sur le chemin de la sainteté.
Laissez le Christ vivre en vous, alors vous vivrez dans le cœur du mystère de
l’univers, dans la source de lumière.
6- Votre voyage dans ce monde
est un cheminement vers la sainteté
Tous les humains sont dotés de deux oreilles
pour entendre, mais peu nombreux sont ceux qui entendent. Parmi ceux qui
entendent peu nombreux sont ceux qui comprennent. Aussi, parmi ceux qui
entendent et comprennent, très peu sont ceux qui vivent en conformité avec ce
qu’ils ont compris. Peu nombreux sont ceux qui se dirigent vers le royaume et la
porte est étroite.
Écoutez, comprenez et témoignez. Prêtez l’oreille à
la voix du Seigneur. Comprenez la vérité et témoignez d’elle. Vivez-la. Gardez
le silence pour entendre et pour comprendre la voix du Seigneur. Mais
gardez-vous d’entendre les échos de vos propres pensées et de n’écouter que
vous-mêmes. Affranchissez-vous de vos idées et laissez la parole de Dieu les
purifier, en supprimant ce qui est à éliminer, et en réécrivant ce qu’il faut
réécrire.
L’homme est une partie d’un Tout. Cette partie doit
écouter ce Tout, comme une goutte d’eau dans le fleuve. La goutte ne peut pas
être un fleuve, même si elle contient tout ce qui compose le fleuve. Ce dernier
est formé de tant de gouttes d’eau qui toutes suivent le même mouvement. La
seule goutte d’eau dans un ensemble est un fleuve mais si elle s’en exclut, elle
reste une seule goutte. Prêtez l’oreille au processus de l’univers dont
vous faites partie, vous trouverez qu’il est en pèlerinage vers le cœur du
Père, comme l’écoulement du fleuve vers la mer. N’acceptez pas d’être en dehors
de ce mouvement. La goutte d’eau qui sort de son cours ne peut pas se verser
dans la mer.
Ecoutez et comprenez la vérité, laissez-la pénétrer
jusqu’à votre âme. Brisez toutes les couches de l’écorce et effritez toutes les
rajouts dont le monde vous a entourés, au point qu’ils vous ont enveloppés et
ont fait dérober la face de Dieu. Soyez humbles et rejetez toutes les pensées
qui vous empêchent d’entendre sa voix, même celles que vous aurez formées et
chéries. Écoutez modestement. Que votre cœur soit tendre et votre esprit libre.
L’écoute sans modestie ressemble à un écho qui se perd dans les vallées: il a
beau être fort, la montagne ne reste pas moins une montagne, la vallée, vallée
et la pierre, pierre. Écoutez humblement, comprenez profondément la vérité et
témoignez modestement. Écoutez pour comprendre et pour connaître. Vivez dans la
lumière de la vérité que vous saisissez. Il ne suffit pas de connaître le chemin
pour arriver, il faut le traverser. Dieu vous éclaire les pages, mais c’est à
vous de les lire. Dieu vous illumine le chemin, mais c’est à vous d’y marcher.
Celui qui monte se sert de ses pieds, celui qui descend c’est avec ses pieds
qu’il descend; et là où vous arrivez ce sont vos pieds qui vous y auront
conduits. Soyez toujours en état d’écoute et d’éveil. Refaites vos comptes
quotidiennement, changez votre vie et renouvelez-la. Si vous écoutez humblement
vous comprendrez la vérité et elle vous libèrera. Affranchissez-vous des cordes
qui vous ligotent. Vos pensées, vos croyances propres et vos penchants vous
enchaînent comme les cordes qui immobilisent le navire au quai et le sécurisent,
mais elles ne lui permettent pas de naviguer. Laissez la parole de Dieu vous
délier des vôtres en les rompant l’une après l’autre, même si vous en souffrez.
Ne stagnez pas dans vos penchants et dans vos pensées même s’ils vous offrent
repos et sécurité. Toute sécurité est une illusion sans la paix du Christ. Le
repos loin du cœur est une duperie. Ne craignez pas de vous libérez du rivage et
de quitter le port; livrez-vous à Dieu pour vous affranchir de vos chaînes.
C’est sa Parole qui vous oriente, et son Eprit qui souffle dans vos
voiles; ainsi vous arriverez à la rive de lumière. Le navire est destiné à
traverser la mer et non pas à rester au port. Il est fait pour naviguer très
loin au large. Il faut dénouer toutes ses cordes; s’il en reste une seule, elle
l’empêchera de quitter le port. Ne gardez que les cordes qui font dresser le
mât, celles de l’amour et de la communion qui vous lient à vos frères les
hommes. Votre voyage dans ce monde est un chemin vers la sainteté qui est une
perpétuelle transformation de l’état matériel vers celui de la
lumière.
Priez pour écouter, priez pour comprendre et priez
pour vivre votre foi en la pratiquant et en témoignant d’elle. Priez pour vous
transformer en lumière. Écoutez en priant, comprenez la vérité en aimant et
témoignez en priant. Que toute votre vie soit prière et service. Si vous priez
sans servir, vous réduisez la croix du Christ dans votre vie à un morceau de
bois. Si vous servez sans prier vous vous servez vous-mêmes. Priez dans vos
couches, avec vos familles, avec vos communautés ecclésiales. Priez intimement
le Seigneur dans vos couches pour sauvegarder vos âmes et ouvrez vos esprits au
mystère de Dieu. Priez en famille pour la protéger et la mettre dans le cœur de
la Trinité. Priez avec vos communautés ecclésiales, pour préservez votre Église
et pour la rendre proche du royaume de Dieu. Votre prière individuelle vous met
dans le cœur de Dieu; votre prière au sein de la famille, vous pose dans les
bras de la Trinité et celle de la communauté dans le cœur de l’Église pour vous
raffermir dans le corps du Christ. Priez. L’homme qui prie, vit le mystère de
l’existence tandis que celui qui ne prie pas c’est à peine qu’il existe.
Exercez-vous au silence qui est fait d’écoute
vivante et non pas de la tranquillité du néant. Exercez-vous au silence,
pratiquez la charité, laissez-vous fermentés par la sainteté. Écoutez pour
entendre. Humiliez-vous pour comprendre. Croyez et ayez courage de témoigner.
Aimez pour vous sanctifier.
7- La bâtisse du Seigneur,
fondée sur le Christ
Lorsque la lumière de la lanterne s’affaiblit
en pleine obscurité, il faut la remplir d’huile. Ces jours-ci la lanterne
s’affaiblit, la lumière s’anéantit et l’obscurité est lugubre. Remplissez vos
lanternes avant qu’elles ne s’éteignent et que vous ne plongiez dans
l’obscurité. La lanterne qui éclaire vos veillées, veillez sur elle pour qu’elle
veille sur vous et sur vos maisons. Vos lanternes s’affaiblissent et vos maisons
s’obscurcissent et vous vous bornez à regarder droit devant vous, négligeant la
lumière qui illumine vos ténèbres.
Tant qu’il fait nuit, éclairez vos nuits noires par
vos lanternes. Ne vous résignez pas à l’obscurité en attendant la lumière du
jour. Lorsque le matin se lève, un autre travail vous attend et vous devez
rendre compte de celui de la nuit. Si la lumière de vos lanternes vient à
faiblir faute de l’huile, il faut la remplir au lieu d’aller veiller à la
lumière de vos frères, laissant les vôtres s’éteindre; car vous devez
rendre compte de vos lanternes qui éclairent ces veillées et qui sont éteintes.
Gardez-les toutes allumées jusqu’à ce qu’il fasse jour. On remplit la lanterne
de l’huile et non pas de souhaits, d’intention, ou bien d’eau avec autant de
légèreté. Intéressez-vous à la lumière des vôtres avant que vous ne pensiez au
travail et à la production. Repensez vos priorités pour voir si votre échelle
n’est pas disposée à l’envers, la petite marche en bas, la grande en haut.
Regardez le bâtisseur avisé comment il dresse haut
sa bâtisse. Il pose en bas la grande pierre et en haut la petite. À l’heure
actuelle nombreux sont les gens qui construisent leurs murs à l’envers, ne
sachant plus distinguer entre la grande et la petite pierre, la première de la
dernière, l’importante de la moins importante. Le mur dont la petite pierre est
déposé en bas alors qu’en haut la grande s’écroulera et la bâtisse s’effondrera.
Nombreux sont les murs qui s’écroulent, les assises qui se désintègrent à cause
de l’ignorance des travailleurs et de l’orgueil des constructeurs.
Quant à vous, dressez haut votre construction avec
prudence. Construisez sur les fondements du Christ, le rocher fondamental de
toute bâtisse; il maintient toutes les assises. Déposez vos grandes pierres
sur le fondement et les petites au-dessus. Si vous remarquez que dans un des
murs de votre construction, il y a une grande pierre en haut de l’assise et une
petite en bas, il vaut mieux démonter tout le mur pour le reconstruire que de le
voir s’écrouler entièrement sur vos têtes ou bien sur celle de vos frères ou de
vos enfants.
Soyez sûrs que si le Christ n’est pas lui-même le
fondement de toute votre construction, elle s’écroulera et se démolira. Ne vous
extasiez pas devant une grande bâtisse, construite par des mains d’hommes, elle
s’effondrera, aussi haute soit-elle, le temps l’effacera. Si vous découvrez
tardivement que votre édifice n’est pas bâti sur le Christ, démontez-le en
entier pour le reconstruire. Une seule assise construite sur le Christ est
meilleure qu’une haute tour menacée d’être démolie par les vents. La maison du
Seigneur est fondée sur le Christ, vous-mêmes, vous en êtes les pierres vivantes
et l’Esprit Saint et la clé de voûte. Le Christ porte toute la bâtisse, l’Esprit
regroupe toutes les pierres de la voûte et soutient tous les murs. L’Esprit est
l’âme de l’amour, qui est la clé de la voûte. Si vous enlevez l’Esprit, vous
aurez anéanti la clé de la voûte; et alors les pierres s’écrouleront et
toute la construction se démolira. L’Esprit Saint est l’Esprit de l’amour,
la clé de voûte qui sauvegarde la promesse. À chaque pierre sa place dans la
bâtisse. Toute pierre dans l’assise est soutenue par une autre placée en
dessous, maintenue par une autre placé à son coté; elle-même à son tour,
soutient les autres et celles déposées au-dessus d’elle. Toute pierre est
destinée à remplir sa place. Si l’une manque, elle laissera un vide par où
passera la pluie, le vent, la poussière et les tempêtes. Ce vide permettra à des
facteurs extérieurs de pénétrer à l’intérieur. Ne laissez pas de vide entre les
pierres, car la construction deviendra fragile. Ne laissez pas, non plus de
sable entre les pierres, car quand la pluie et la neige tomberont et
entraîneront le sable; votre bâtisse se délabrera. C’est la force de l’Esprit
qui assure l’adhésion de la pierre et non pas le
sable.
Tenez bons dans la construction du Seigneur. Soyez
assidus dans la construction du royaume. Soyez des pierres vivantes dans le
temple du Seigneur. La pierre qui est hors de ce temple n’en est qu’une dans un
amas de pierres. Elle jouit d’un volume mais sans forme ni place, ni rôle. Elle
n’est qu’une pierre brute.
Laissez-vous faire entre les mains du Seigneur, le
vrai constructeur. Laissez-vous tailler pour vous débarrasser de tout rajout et
combler ce qui manque en vous. Qu’il vous donne lui-même la forme, le volume et
la place. Que vous soyez une grande ou une petite pierre, vous avez, chacun,
votre place pour laquelle vous avez été taillés et dessinés. Abandonnez-vous au
Seigneur, pour qu’il vous construise. Ainsi prendrez-vous votre place dans
l’assise, au lieu de vous mettre dans la place qui vous séduise. Si vous
choisissez une place plus petite que votre volume, vous devenez saillant
et sujet de délabrement de tout le mur; par contre si votre choix sur une place
est plus grande que votre volume, le vide vous entourera. Remplissez votre place
optimale. Portez les pierres disposées au-dessus de vous, soutenez celles qui
vous entourent. Appuyez-vous sur celle qui vous porte. Le Christ porte le tout
et l’Esprit vous rassemble et vous guide.
La sainteté est votre but. La perfection dans
l’amour est votre finalité. Ne vous vous arrêtez pas aux moyens de la sainteté
pour les idolâtrer. Ne prenez pas les moyens pour la fin, non plus la fin pour
moyen. Ne faites pas des moyens votre but et votre finalité; ne vous vous servez
pas de la sainteté comme moyen pour aboutir à d’autres fins. La prière vous
sanctifie, ne la sanctifiez pas. Le jeûne vous fortifie, ne le divinisez pas.
Les mortifications vous purifient, ne les adorez pas. Vos chants sont
faits pour louer Dieu, mais ne les glorifiez pas. N’échangez pas le Christ par
vos discours sur lui, car ainsi, vous adorerez ce que vous dites. N’identifiez
pas les expressions à la vérité, car ces locutions passeront pour la vérité.
Pour vous, jamais la parole ne sera plus importante que l’idée qu’elle exprime,
ni la pensée plus importante que la vérité qu’elle contient. Jamais le
coffre-fort ne peut être plus important que le trésor qu’il contient ni le verre
plus important que le vin qu’il contient, ni la boulangerie plus importante que
le pain, ni le tabernacle plus important que le Saint
Sacrement.
Le Christianisme n’est ni religion du temple ni
celle du livre. Le Christianisme est la personne de Jésus Christ lui-même. Le
miroir qui reflète la lumière n’est pas la lumière. Il faut distinguer entre la
lumière et les miroirs qu’ils la reflètent. Ne vous vous concentrez pas sur le
miroir. Attachez vos cœurs à la lumière. Ne vous vous dérobez pas à vous-mêmes
pour vous réfugier à Dieu. Ne demandez pas refuge auprès de Dieu pour vous
enfuir en vous-mêmes. Dieu veut que vous vous offriez à lui tels que vous êtes
pour vous élever et pour vous sanctifier. Ne laissez pas le monde vous pousser
vers Dieu. Permettez à Dieu de vous attirer à lui. Ne noircissez pas par vos
écrits les pages blanches qui sont écrites par vos Saints Pères. La vérité est
toujours la même. Pour pouvoir parler de Dieu il faut qu’il soit dans votre cœur; car, vous ne pouvez pas parler de Dieu
alors que vous êtes loin de lui. La parole est un corps et non pas une voix
voltigeant dans le ciel. Avant de dire votre mot taillez-le avec votre raison,
sculptez-le dans votre âme, relisez-le dans votre cœur et sortez-le
de votre bouche comme si vous remettiez la pierre bien à sa place dans l’assise.
La parole qui ne construit pas, renoncez à elle. Ne parlez que lorsque votre
discours s’avère plus profond et plus éloquent que votre silence.
Que vos discours d’outre-mer ne vous détournent pas
de la navigation. Dirigez-vous vers l’essence. Distinguez dans votre vie entre
ce qui est essentiel et ce qui est superficiel, entre le fondamental et le
secondaire, entre le noyau et l’écorce. Dans votre vie, vous ne mettez pas l’eau
dans un panier ni les raisins dans une cruche ni les figues dans une jarre.
Comme vous êtes capables de vous servir à bon escient des choses de
la terre, sachez aussi comment traiter les choses du ciel, avec la
sagesse du Seigneur pour votre salut et pour la gloire de Dieu.
À chaque terre son sol, son climat et l’outillage
dont il faut vous servir pour la traiter et pour la semer et pour y faire
planter le genre d’arbres qui y poussent et qui fructifient. Vous ne pouvez pas
briser les rochers avec une fourche ni retourner le sol avec une massette ni
couper le bois avec une pèle. Les cèdres et les chênes ne poussent pas dans les
sables de la côte ni les bananiers et les orangers parmi les rochers de la
montagne. Faites votre travail avec les outils disponibles, et là où Dieu vous a
plantés, fleurissez et donnez vos fruits. Si vous ne vous enracinez pas, vous ne
pouvez pas vous élever.
Adaptez vos esprits à l’existence et non pas
l’existence à vos esprits. L’existence était avant vous, elle demeurera après
vous. Seul l’Esprit vous conditionne et vous harmonise avec Dieu. Grâce à la
lumière de l’Esprit éternel qui est en vous, vous pouvez réaliser la profondeur
du mystère de l’existence. Ne cherchez pas à comprendre la vérité par vos sens,
car vous vous heurtez aux limites de ces sens. Sachez qu’ils vous servent à
aimer et non pas à les aimer. Si vous aimez votre vue, vous adorerez les
créatures que vous voyez, oubliant le Créateur qui est au-delà de vos yeux. Si
vous aimez votre ouïe, vous serez épris des mélodies et des sons de ce monde,
oubliant d’écouter la voix de Dieu dans le silence intangible à vos oreilles. Si
vous aimez votre sens olfactif, vous serez entraînes par les parfums du monde,
oubliant les fleurs des prés que le Seigneur, dans sa bonté, a créées pour
vous. Si vous aimez votre goût, vous serez prisonniers du manger et du boire,
oubliant la nourriture qui nourrit l’âme. Si vous aimez votre toucher, vous
serez prisonnier de l’extérieur, vous détournant de l’intérieur. Dépassez vos
sens, ne vous vous y noyez pas. Dépassez-les pour atteindre la vérité comme les
rayons de la lumière qui pénètre le cristal.
Si vous endurcissez vos sens, ils s’épaissiront et
ne vous reflèteront que les images du monde comme des miroirs qui retournent la
lumière. Ne vous vous noyez pas dans vos sens pour que vous ne soyez pas
dupes de la joie qu’ils vous procurent. La vraie joie n’est pas dans les sens,
elle consiste à les dépasser pour vous laisser vous infiltrer jusqu’au cœur de
la lumière, là où vous plongez dans le cœur de Dieu, où vous contemplez sa
lumière et vous vous fusionnez dans son amour. Affranchissez-vous de vos sens,
allez au-delà de vous-mêmes et vous toucherez le bord de la lumière. Chaque fois
que vous désirez regarder l’extérieur, fermez les yeux et regardez l’intérieur,
c’est alors que vous verrez l’extérieur plus nettement. Chaque fois que vous
vous voulez entendre, fermez les oreilles et écoutez la voix intérieure, c’est
alors que vous entendrez mieux. Dominez vos sens pour glorifier Dieu et ne les
laissez pas vous guider à glorifier ses créatures.
Aimez jusqu’au don de vous-mêmes. Le sang est la
seule encre avec laquelle s’écrit l’amour, le reste n’est qu’encre sur papier.
Dans le Christ, tout homme est une parole dans la bouche de Dieu jusqu’à ce que
toute l’humanité devienne un hymne d’amour. Gloire à Dieu.
8-
Votre avenir commence le premier jour dans l’autre monde
Contemplez les oiseaux du ciel comment ils
construisent minutieusement leurs nids, ils mettent bien vaillamment leurs œufs,
veillent tendrement sur leurs petits jusqu’à ce qu’ils aient leur plumage pour
voler. Ils préservent les arbres du Seigneur. Vous-mêmes, vous construisez vos
nids, vous y mettez vos œufs et vos poussins voient le jour sur les arbres dont
les racines sont pourries par la carie qui les rongent et les vers qui érodent
leurs troncs et leurs feuilles. Si l’arbre tombe, vos nids seront défaits, vos
poussins se disperseront et vous n’aurez que des branches nues sur lesquelles
vous posez vos ailes. Vous vous fatiguez, vous peinez pour vous construire des
nids robustes et chauds où vos poussins pourront grandir, voler et faire à leur
tour leurs propres nids. Soignez l’arbre du même soin que vous portez au nid.
Comme vous prenez à charge vos nids, ayez à charge aussi vos arbres. Soignez les
racines, le tronc, les branchages et les feuilles. Il vous suffit de quelques
outils avec une poignet de terre pour tracer vos nids. Du reste, les
branches de l’arbre vous protègent et les feuilles vous ombragent. Ne vous vous
occupez pas à dresser haut les bords de vos nids pour y trouver la sécurité,
travaillez en vous confiant au Seigneur qui prendra soin de vous.
Vous vous agitez pour assurer votre avenir et celui
de vos enfants. Rappelez-vous que votre futur ne sera pas vos derniers jours
dans ce monde, mais le premier dans l’autre monde. Vous aurez assuré le futur de
vos enfants lorsque vous leur garantirez le Ciel. Vous devez donner la vie
à vos enfants. Or il n’y a de vie que dans le Christ. Offrez-leur donc le
Christ. Mais s’il n’est pas en vous, il vous sera difficile de le leur
donner.
Si vous ne vous sanctifiez pas, comment pensez-vous
sanctifier vos enfants?! Si vous ne leur assurez pas le Christ, tout ce que vous
leur aurez offert sera stérile et périssable. Eux-mêmes, ils périront avec
toutes les possessions périssables. Ni les hautes demeures ni les garanties de
ce monde ne pourront procurer à vos enfants la sécurité et l’avenir. C’est de
votre sainteté et de vos prières dont ils ont besoin pour leur sécurité dans ce
monde et pour leur avenir dans l’au-delà. Vous courez derrière votre succès et
celui de vos enfants dans l’avenir, mais la réussite dans la vie consiste à se
mettre devant Dieu et sans honte. Renfoncez vos racines et soignez-les en
ascète. Le travail des racines est invisible; il exige un effort et un
renoncement. Les hommes ne voient pas vos efforts et vos peines, Dieu qui est au
ciel voit et bénit. Entretenez bien le sol, gardez les branches, traitez bien
les feuilles, gardez l’arbre pour que Dieu préserve votre œuvre. Soignez l’arbre
qui vous couve, vous ombrage et vous héberge. Depuis les racines jusqu’aux
extrémités de ses branches, même si cela doit se faire au détriment de la
hauteur de vos nids.
Le même temps s’écoule pour les bons comme pour les
méchants. Si ceux-là ne le remplissent pas à faire le bien, ceux-ci y sèmeront
le mal jusqu’à ce qu’ils le rendent vain. Tout moment de votre vie est considéré
comme un panier place devant vous pour le remplir de votre moisson et de vos
fruits. Cet instant ne dure que peu de temps pour disparaître dans le passé, à
jamais irréversible. Si vous vous arrêtez pour regarder derrière vous et que
vous trouverez que vos paniers sont vides, c’est alors que seules les larmes de
votre conversion sont capables de les remplir, au moyen de la miséricorde et de
la grâce de Dieu. Cette grâce vous suffit chaque seconde pour que vous la
remplissiez de Dieu et qu’elle devienne une goûte d’éternité. Ne laissez pas le
monde vous dérober les paniers de votre vie pour les laisser vides. C’est ainsi
que vous accumulez les amas de paille que le temps est capable de brûler pour
n’en rien laisser.
N’entrez pas en dialogue avec le diable. Mettez fin
à la conversation avant le premier mot. Dialoguez toujours avec Dieu. Réparez
bien vos toits après chaque hiver pour éviter les fuites. Car si vous y
renoncez, les grandes averses et la neige s’y abattront, l’eau dégoulinera
de vos terrasses, jusqu’à pénétrer dans les poutrelles; ainsi vos toits
s’effondreront sur vos têtes et celles de vos enfants.
Quoique séduisante soit la tentation, elle ne peut
pas justifier le péché. Que votre vie soit remplie de l’amour de Dieu.
Sanctifiez votre temps pour que votre récolte soit abondante et que vos
provisions ne viennent pas à manquer. Seul le Seigneur du temps est capable de
remplir le temps. Seul, le Seigneur de la moisson et des fruits peut remplir vos
paniers. Offrez-les lui et votre récolte augmentera.
9-
Le repos est un danger
Le royaume de Dieu ressemble à un chantier
d’un temple en construction, dont les pierres proviennent des rocs pris aux
carrières de ce monde. Les hommes y sont des ouvriers par la force de Dieu, et
les constructeurs bâtissent selon sa volonté. Ils extraient les pierres des
rochers tirés des carrières, les posent pierre par pierre, l’une à la suite de
l’autre. Et Dieu y souffle la vie pour que les hommes deviennent des pierres
vivantes dans ce temple.
Beaucoup d’homme se construisent leur propre temple
dont les pierres sont prises aux rochers en prétendant en être les
propriétaires. Ils les construisent pierre par pierre, l’une à la suite de
l’autre, sans toutefois pouvoir y donner la vie, car Dieu seul est capable de la
procurer. Ces gens-là périssent, laissant derrière eux les pierres, les rochers
et les carrières, ainsi que leurs petits temples construits de pierres mortes.
Sujets à détérioration, ils s’anéantissent avec le temps. Eux, ils sont
périssables avec leurs temples. Seul le temple du Seigneur est éternel parce
qu’il est vivant. Bâtissez ce temple éternel et soyez-y des pierres vivantes au
lieu d’élever vos petits temples éphémères avec des pierres mortes que le temps
fera périr. Travaillez assidûment, joyeusement, solidairement et avec amour;
faites-le avec patience, humilité et obéissance au Seigneur de temple. Puisque
vous travaillez par sa force, bâtissez donc selon sa volonté.
Faites-le bien sans lassitude. Ne cherchez pas le
repos parce qu’il est un grand danger pour vous. Si vous voyez un ouvrier
inactif, ne le critiquez pas, ne le condamnez pas et ne le maudissez pas. Au
contraire, ayez à la main votre pioche, votre faucille et poursuivez votre
travail; ainsi l’obligerez-vous à travailler, car la bâtisse vous appartient à
vous tous les deux. La moisson est à vous deux, et le tout appartient au
Seigneur du temple et au Dieu de la moisson. Estimez votre frère l’homme comme
vous vous estimez. Il y a toujours en vous quelque chose de ce que vous
voyez dans votre frère, parce que l’autre, c’est vous avec quelques différences.
Au lieu de parler contre votre frère, allez parler avec lui, sinon gardez un
silence aimable. Ne condamnez jamais ni ne jugez d’après ce que vos yeux voient.
Vous ne pouvez pas rendre un jugement sur l’eau que vous voyez dans un verre,
car, avec les yeux, vous ne pouvez pas savoir si elle est douce ou salée,
potable ou fade. À regarder de l’extérieur, les jarres de vin, toutes se
ressemblent même si le vin à l’intérieur est pas le même. Regardez l’extérieur
avec vos yeux, mais l' intérieur avec vos cœurs. Le cœur ne condamne
pas.
Ne prétendez pas la connaissance absolue pour bâtir
des temples à la mesure de vos connaissances; ils s’écouleront sur vos têtes et
vous tueront. La connaissance a besoin d’amour pour devenir compréhension. Quand
bien même grande est votre connaissance, vous ne pouvez pas comprendre tant que
vous n’aimez pas. L’amour est bien plus noble que l’intelligence. La logique de
l’amour est bien plus sublime que celle de l’intelligence. La connaissance sans
amour manque d’âme; elle détruit l’homme. La terre est un globe sanctifié sur
lequel Dieu de l’univers a mis pied. Il l’a illuminé de lumière de l’Esprit et
son cœur divin veille sur lui.
Avec leur connaissance dépourvue de l’amour, les
hommes ont rendu la terre malade. Leur nourriture les empoisonne, leur boisson
les assoiffe. Ils prennent leurs maladies pour médicaments; l’air qu’ils
respirent les étrangle, leur repas les fatigue, leur paix les angoisse, leur
joie les chagrine, leur bonheur les martyrise, leur vérité est une illusion et
leur illusion est vérité, leur lumière, obscurité.
Les hommes possèdent plus de connaissance que de
sagesse. Leurs théories sont devenues dans leurs esprits comme le brouillard sur
les montagnes et dans les vallées, elles les empêchent de voir les choses telles
qu’elles sont. Leurs théories leur dérobent la vue. Leurs bâtisses s’élèvent,
leur moralité s’abaisse. Leurs biens augmentent, leurs valeurs diminuent. Leurs
discours se multiplient, leurs prières s’amoindrissent. Leurs intérêts
s’approfondissent, leurs relations s’aplatissent, leurs façades débordent, leurs
intérieurs s’appauvrissent. Leurs routes s’élargissent, leurs visions se
rétrécissent. Leurs chemins sont
nombreux, mais ils ne les mènent pas les uns chez les autres. Leurs moyens de
communication sont multiples, mais ils ne les aident pas à communiquer les uns
avec les autres. Leurs lits sont spacieux et confortables, mais leurs familles
sont peu nombreuses, désintégrées et épuisées. Ils savent accélérer, sans savoir
attendre. Ils courent pour assurer leur vie, oubliant de gérer leur vie. Ils
s’extériorisent rapidement et négligent leur intérieur. Ils sont des prisonniers
qui s’enorgueillissent du confort de leurs prisons, des égarés qui se vantent
des distances qu’ils traversent, des morts hautains pour leurs tombeaux luxueux.
Ils meurent de faim alors qu’ils sont assis près du pétrin, des pauvres
toutefois assis sur des trésors qu’ils ont enfouis eux-mêmes. Pourquoi vous
mettez-vous sous la table pour
manger les miettes qui en tombent alors qu’elle est servie pour vous? Les hommes
sèment les épines qui, encore tendres fraîches, leur caressent les pieds; mais
une fois endurcies, elles déchireront les pieds des générations à
venir.
Vous coupez les bois, vous les entassez, vous
allumez le feu, vous l’alimentez pour vous vous y jeter, et vous vous étonnez
d’en être brûlés! L’humanité est égarée, l’homme est malade et le monde prend
feu.
Dieu est amour, il est le but et le guide à cette
humanité égarée. Le Christ est le remède de l’homme malade. C’est l’eau du
baptême en Esprit qui éteint l’incendie dans le monde. Fondez toute connaissance
sur le Christ, car toutes celles non fondées sur lui seront mortelles. Toute
connaissance sans âme passe pour ignorance. L’édifice, basé sur l’homme, a beau
s’élever, finit par l’écraser. L’homme vit dans la tristesse et l’angoisse, il
ne se satisfait ni se rassasie que lorsqu’il s’unifie à en lui-même dans le cœur
de Dieu. Rencontrez-vous les uns les autres, regardez-vous les uns les autres,
écoutez-vous les uns les autres, saluez-vous les uns les autres, consolez-vous
les uns les autres par des paroles charitables et solides, sortez de vous-mêmes
pour vous rejoindre les uns les autres, embrassez-vous les uns les autres dans
l’amour du Christ, travaillez dans le champ du Seigneur sans fatigue ni ennui.
Que le son de vos pioches remplisse les vallées et domine le vacarme du monde,
et celui de vos faucilles rappelle aux gens la moisson. Que vos prières fendent
les rocs sourds et fassent jaillir les sources muettes. Les rocs entendent
la prière, les sources en parlent et tous ensemble prient et
glorifient Dieu.
10- Traversez le chemin avec
la joie de Résurrection
Vous marchez sur le chemin de votre vie,
portant le poids des fardeaux et de multiples soucis, chargés de toutes sortes
de jarres; les unes utiles, les autres inutiles, en y éparpillant vos trésors.
Vous mélangez vos trésors à vos pacotilles, ne sachant plus où et dans quelle
jarre ils se trouvent. Des jarres tombent et se cassent, des trésors se perdent
à votre insu, tellement elles sont encombrantes. Des gens dilapident leurs
fortunes sur les chemins de leur vie et arrivent chargés seulement
d’argile.
Toute jarre portée qui ne contient pas votre
trésor, c’est une charge inutile et pleine de distraction qui retarde votre
marche et vous fatigue.
Débarrassez-vous des jarres que le monde vous
oblige à porter, même si vous les avez portées durant un long voyage fatigant,
peinant et auxquelles, peut-être, vous vous êtes accoutumés. Sachez où se trouve
votre trésor et mettez-y tout votre cœur; déposez le tout entier dans une seule
jarre et portez-la bien. Ainsi, vous le préservez et vous arriverez riches de ce
trésor.
Portez une seule jarre, c’est celle du Christ qui
vous enrichit d’amour et qui la porte avec vous. Même pleine, elle pourra
toujours contenir, lourde, elle sera légère à porter. Les autres jarres sont
toutes en argile; même vides, elles seront lourdes à porter et vous
courbent le dos. Choisissez vous-mêmes vos chemins dans ce monde, et ne
permettez pas au chemin de vous choisir. Ne portez pas les jarres que le monde
vous impose pour vous distraire et pour vous épuiser.
Plus se multiplient vos jarres, plus vous vous
éloignez de votre voisin. Chacune d’elles exige une distance. Plus elles
deviennent nombreuses, plus les distances grandissent autour de vous, et vous
serez obligés de vous éloigner les uns des autres afin que vos jarres ne se
heurtent pas et ne risquent de se casser. Donc la jarre devient plus importante
que vos frères. Dans le souci de protéger de vos jarres, vous aurez perdu vos
frères et vos voisins. Sachez que vos fortunes sont très précieuses mais vous
les cachez dans de l’argile, ainsi pour chacun de vos frères.
Vous façonnez vos jarres par vos propres mains et
vous vous y recroquevillez en vous disant: "le monde est en argile". Celui qui
se met à l’intérieur de la jarre voit toute la vie en argile. Sortez-en et voyez
le monde tel qu’il est et non pas comme vous l’aurez inventé de l’intérieur. Que
chacun remplisse sa jarre du trésor du Christ qui est le seul trésor véritable.
Soyez des grains de blés pleins sur l’aire du
Seigneur pour que vous ayez du poids et que vous y retombiez lorsque la fourche
vous vanne et l’on vous rassemble pour vous déposer dans les greniers de la vie.
Ne soyez pas des grains vides et légers comme la paille que le vent emporte loin
de l’aire et la disperse. Seulement le Christ peut vous remplir et vous donner
du poids.
Remplissez-vous du Christ, pour que vous restiez
sur l’aire et que vous soyez ramassés. Tant que vous demeurez sur l’aire, la
pelle continuera à vous vanner pour extraire de vous la paille. Tout grain de
blé reste seul, même s’il est rassemblé avec les autres, dans la mesure et dans
le sac.
La meule, l’eau et le feu font du blé une seule
pâte et un seul pain. Du champ jusqu’au pain, le processus est long. Priez pour
la faucille qui vous coupe, pour la herse qui vous abat, pour le champ qui vous
rassemble, pour la fourche qui vous trie, pour la meule qui vous moud, pour
l’eau qui vous pétrit et pour le feu qui vous cuit.
Le chemin de la sainteté s’étend du champ jusqu’au
pain, de la poussière jusqu’à la lumière, de la crèche jusqu’à la croix.
Traversez-le avec la joie de la Résurrection.
11-
La sainteté n’est pas une chance, la sainteté est un choix
Les hommes demandent des prodiges pour
croire, des signes pour voir, des messages pour entendre et comprendre, un
chemin pour marcher et atteindre le salut et le bonheur.
Le prodige c’est le Saint Sacrement, le signe c’est
la croix, le message c’est l’évangile, le salut est dans l’Église.
1. Le signe le plus important, le plus noble et le
plus Saint, c’est la croix qui est le signe de l’amour de Dieu pour vous.
Faites-en aussi celui de votre amour
pour lui. C’est un signe d’amour et non pas de provocation, sa lumière
rayonnera sur le monde entier.
2. Le salut de l’humanité se réalise par l’Église qui
porte le dessein dont le Christ est le commencement, il y a 2000 ans, et ne
finit pas avant la fin du monde. Toutes les vagues du mal se briseront contre le
rocher de l’Église. Engagez-vous-y pleinement et dans son enseignement ne faites
pas de tris.
3. Le message le plus important le plus grand c’est
l’Évangile qui porte l’enseignement du Christ dont une seule lettre ne tombera
avant que le monde ne périsse. Qui ne connaît pas l’Évangile est un ignorant qui
vit dans les ténèbres même s’il possède toutes les connaissances du monde. Qui
ne se conforme pas à l’Évangile ne vit pas. Ne le falsifiez pas pour vous
justifier. La réalité de l’Évangile est toujours la même.
4. Le prodige le plus important et le meilleur c’est
le Saint Sacrement, le Corps du Christ, l’Agneau pascal qui porte les péchés du
monde, le Dieu vivant, ressuscité d’entre les morts. Il est vain de chercher des
signes plus importants que celui de la croix. Ne demandez pas des messages que
vous croyez plus importants que celui de l’Évangile. Ne cherchez pas votre salut
loin de l’Église du Christ. Ne vous distrayez pas à courir derrière des
prodiges, éblouissants, meilleurs que celui du Saint Sacrement. Eloignez-vous de
la magie trompeuse qui ne vous renvoie qu’au vide. Évitez tout signe qui vous
n’indique pas celui de la croix. Négligez tout message qui ne provient pas de
celui de l’Évangile. Rejetez le miracle qui ne vous met pas devant le Saint
Sacrement. Dans l’Église, vous discernez tous ces signes. Par la croix,
l’Évangile, le Saint Sacrement est dans l’Église, vous vous sanctifiez. Dieu
vous a prédestinés à la sainteté et non pas à la mort. La sainteté n’est pas une
chance, la sainteté est un choix. Ne vous attendez pas à ce qu’elle vous soit
offerte de l’extérieur, il faut la vivre et la réaliser de l’intérieur. Le
royaume de Dieu est en vous. La sainteté est une grâce et une volonté: la grâce
vous est donnée par Dieu, c’est à vous d’y déployer votre volonté. Vous êtes
potentiellement saints, efforcez-vous de l’être réellement.
12-
L’amour est une lumière rayonnante
L’amour n’est pas un attachement, car il est
liberté alors que l’attachement asservit. Dieu est liberté. L’amour ne
doit pas être pris comme une affection humaine uniquement, il est une force
divine de création, une force de résurrection céleste.
L’amour n’est pas un instinct, produit par des sens
matériels, c’est une force de vie jaillissante de l’Esprit.
L’amour n’est pas une habitude morte qui vous lie
et vous attache, c’est une force de renouvellement perpétuel qui vous ranime et
vous libère.
L’amour n’est pas un sentiment orienté dans une
direction déterminée, c’est une lumière rayonnante dans toutes les
directions.
Dieu n’est ni sentiment ni affection ni habitude ni
attachement ni idée, il est une réalité, une vie et un créateur qui donne la
vie.
L’amour est gratuit; et pour se donner, il ne
demande rien en contrepartie, il se dirige toujours vers l’autre.
L’amour provenant de l’homme retourne à lui. Quand
l’amour naît de l’homme lui-même, il s’aime lui-même, quelle que soit la force
de cet amour. Cependant, quand l’homme puise son amour en Dieu, il s’oriente
naturellement vers les autres. Si l’amour est de toi, il retourne à
toi.
L’homme dont l’amour émane de lui-même, s’aime à
travers les autres, croyant aimer les autres.
Ne confondez jamais amour et désir, amour et
affection, amour et habitude, amour et attachement.
13-
Avouez vos péchés pour tuer le mal qui est en vous
Lorsque Jésus Christ fut élevé, le démon
tomba. Celui qui s’accroche au diable, tombe avec lui. Qui se tient sur son
chemin, s’expose à la chute. Ne vous accrochez jamais au diable et ne vous
mettez jamais sur son chemin. Tout son souci est de falsifier l’image de Dieu
dans vos esprits et de vous déformer à l’égard de vous-mêmes. Il veut que vous
connaissiez mal Dieu et que vous vous trompiez en vous regardant. Il fausse,
déforme et trompe. Il tente de vous enfler quand vous devez vous abaisser et de
vous humilier quand vous devez croître. Il essaie de vous arrêter quand vous
devez marcher et vous faire marcher lorsque vous devez vous arrêter, de vous
faire parler quand vous devez garder le silence et de vous faire taire lorsque
vous devez parler, de vous convaincre d’accélérer lorsque vous devez ralentir,
de ralentir lorsque vous devez courir. Dans tous les cas, il cherche à vous
tromper. Le démon est le plus grand des menteurs, le plus grand des fraudeurs,
des escrocs et des hypocrites et comme l’a qualifié le
Seigneur: "il est le mensonge même et le père du
mensonge".
Jamais le diable ne montre sa vraie face. Il
connaît ce que l’homme aime et ce qui l’attire; il lui présente ce qu’il aime et
ce qui l’attire. Il vous parle de ce que vous aimeriez entendre parler. Il vous
montre les choses que vous aimeriez voir. Il vous offre les choses que vous
aimeriez toucher. Il vous donne à manger ce que vous aimeriez
goûter.
Lorsque les fraudeurs falsifient l’or, ils le font
avec la même couleur qui brille, il en est de même pour le diable qui lorsqu’il
veut falsifier l’image de Dieu amour, il recourt aux choses que les hommes
appellent amour pour amorcer la confusion, pour brouiller la réalité de Dieu
amour dans l’esprit de l’homme. Il joue sur les sensations de l’instinct et de
l’affection, sur les liens de l’attachement et sur l’asservissement des
habitudes.
Tout l’intérêt du diable vise à empêcher ceux qui
marchent vers le Seigneur. Dans votre cheminement, il s’efforce de:
1- vous dévier du chemin, en vous inventant un but qui
vous attire et vous oblige d’aller dans sa direction; ainsi vous errerez et vous
égarerez.
2- vous faire chuter, il vous dresse un piège pour y
tomber.
3- vous faire reculer: il vous fatigue et vous
désespère pour capituler; il veut empêcher d’arriver.
Tout ce qui rassemble et unifie pour le bien est
l’œuvre de Dieu. Par contre, tout ce qui divise et sépare, provient du diable.
Il domine l’homme au moyen des choses de la vie. Plus on s’en débarrasse, mieux
on s’en protège. Par ailleurs, plus on s’y attache, plus on se soumettrait au
pouvoir du mal. Le démon est le seigneur de ce monde, plus on s’y plonge, plus
on passe sous son empire; autant s’en débarrasser pour être libre. N’oubliez pas
que vous n’êtes pas de ce monde, ne vous vous y noyez pas. Faites-y votre
voyage, élevez-vous, vous le soulèverez au Seigneur, par la force du Christ suspendu sur la
croix.
Au début le diable fait rire l’homme pour le faire
pleurer après. Il le conduit à l’enfer en le faisant toujours rire, d’où les
pleurs et les grincements des dents. L’homme qui rit maintenant avec le diable,
il finira sûrement par pleurer. Dieu vous fait-il pleurer au début? Mais il vous
réjouira à la fin. Dieu vous fait pleurer pour vous corriger; le rôle du diable
est de vous faire rire pour vous éloigner de Dieu. Lorsque Dieu vous fait rire,
le diable intervient pour vous faire pleurer; ne soyez pas dupes.
Le diable hait l’image de Dieu et l’homme qui
l’accepte. Il veut déformer cette image en l’homme. Pour ce faire, le seul moyen
est d’arrêter l’œuvre de l’Esprit de Dieu en l’homme; alors, la seule
image qui reste est celle de l’animal.
La première arme essentielle contre le diable est
la sincérité. Toute parole sincère est une flèche lancée dans le cœur du mal.
Toute confession sincère est une lance qui transperce son cœur.
La deuxième arme essentielle est l’humilité;
sincérité et humilité signifient confession. Confessez-vous pour tuer le
mal en vous.
Le diable cherche à vous détourner de Dieu.
Attention! Il tente de vous dérober à Dieu par les choses de Dieu. Il vous
distrait loin du Nom de celui que vous implorez. Il vous distrait de la louange
du Seigneur au moyen d’une mélodie, d’un hymne avec lequel vous le louez; il
vous distrait de Dieu avec la prière que vous Lui adressez.
Rappelez-vous bien que vous ne pouvez pas affronter
le diable si vous ne vous mettez pas à genoux devant Dieu. Le diable ne se sert
pas des fenêtres et des lucarnes que vous fermez bien; il passe par la porte
ouverte pour la réception.
14-
Le mouvement et la vie
Il y a une grande différence entre le
mouvement et la vie. L’homme peut être en mouvement sans toutefois vivre
véritablement. Aussi peut-il posséder la vie et manquer de mouvement. L’homme
est fait de mouvement et de vie. Tout l’univers avec ses galaxies, ses étoiles
et ses nombreuses créatures, est en mouvement, mais il n’est pas nécessaire
qu’il possède la vie ou que ce mouvement soit toujours une vie. La vie est
seulement en Dieu Créateur. Dieu est la vie.
Tout mouvement dans l’univers est assujetti à la
mort, mais la vie est éternelle. Tout mouvement prend fin si grand soit-il, la
vie n’a pas de fin. La vie est éternelle parce que Dieu est la vie. Le
mouvement périt mais la vie est impérissable. L’homme a en lui le mouvement et
la vie. Le mouvement est déterminé par l’espace et le temps, tandis que la vie
n’est limitée ni par le temps ni par l’espace. Le mouvement de l’homme est sujet
de mort et prend fin même s’il dure longtemps, mais la vie est éternelle. Le
Christ est venu pour nous donner la vie et sanctifier le mouvement en nous. Il
nous donne la vie éternelle, parce qu’il est le Fils de Dieu, la vie est de lui.
Sans le Christ, notre mouvement est condamné à la mort inéluctable; avec lui,
nous avons la vie éternelle. Nous ne pouvons pas être entre les deux; il faut
choisir: la mort ou la vie.
Sanctifiez le mouvement qui est en vous au moyen de
la vie qui est de Jésus Christ. Ne cherchez pas à vous éterniser dans ce
monde, en prolongeant votre mouvement jusqu’à l’éternité. Car même le temps
prendra fin. L’immortalité réside dans la vie éternelle en Jésus Christ. Il n’y
a pas de mouvements immortels dans le temps parce qu’il n’est pas
éternel.
15-
Toute famille est une Sainte famille
La famille humaine sur la terre est une image
de la famille divine au ciel. C’est elle qui transmet le dessein de Dieu d’une
génération à l’autre. C’est elle qui diffuse l’amour de Dieu et sa parole à
travers les générations. L’effondrement de la famille signifie l’écroulement du
dessein du Seigneur dans l’humanité, c'est-à-dire la rupture du salut et de la
sainteté avec les hommes. Toute famille est une sainte famille parce qu’elle est
à l’image de Dieu trinitaire. La déformation de la famille signifie la
déformation de l’image de Dieu. La famille porte le flambeau et le livre de
génération en génération pour que le monde demeure illuminé par la lumière du
Seigneur.
La famille est la corde qui lie les hommes les uns
aux autres à travers l’histoire pour que l’humanité croisse et se multiplie. Si
cette corde est coupée et que l’humanité est séparée de son histoire, les
générations s’égareront sans histoire ni identité. La famille donne à l’humanité
son identité humaine et y imprime l’image de Dieu. Elle garde la mémoire
humaine. Les hommes sans famille sont une humanité sans mémoire. L’homme
dépourvu de mémoire continuera à tourner sur place. L’humanité sans mémoire
stagne dans l’histoire et meurt.
La famille est la base dans le dessein du Seigneur
et toutes les forces du mal visent à la démolir, car elles savent qu’en la
détruisant, elles ébranleront les fondements du dessein de Dieu. La guerre du
Malin contre le Seigneur est une guerre dirigée contre la famille. Cette guerre
est la base d’une guerre contre le Seigneur parce que la famille est l’image de
Dieu. Depuis le commencement de la création de cet univers, le méchant s’acharne
à détruire la famille qui est le fondement du dessein de Dieu.
La famille est le lieu où l’homme communique avec
Dieu et avec ses frères. Sans elle, cette correspondance serait coupée et rien
ne pourrait la compenser, et si l’homme essaie de la réparer par des
moyens humains, elle deviendrait
fragile et tordue, et avec elle, toute l’humanité subirait le mal qui
l’inclinerait du côté de la mort inéluctable.
Maintenez vos familles et gardez-les contre les
rancunes du méchant par la présence de Dieu. Protégez-la et préservez-la par la
prière et le dialogue, par l’entente et le pardon, par la sincérité et la
fidélité, et le plus important par l’écoute. Écoutez-vous les uns les autres par
les oreilles, par le cœur, par la bouche et par les paumes de vos mains.
Éloignez de vos mains les vacarmes du monde parce que comme la tempête enragée
et la violence des vagues, quand ils rentrent dans une maison, ils ratissent et
détruisent tout. Sauvegardez la chaleur de la famille, car toute celle du monde
ne la compense pas.
De ce qui reste des Paroles de Saint
Charbel
Le bâton du berger sert à guider le
troupeau et le protéger contre les loups et les bêtes de la forêt; le bon
pasteur, même s’il tient la crosse, doit la considérer comme un bâton; la
houlette de chêne devient une crosse dans la main du bon pasteur, et la crosse
incrustée demeure dans sa main comme une houlette.
Le dé et le chaudron pleins se
ressemblent; que tu sois chaudron ou dé, l’essentiel est que tu sois plein.
Cherche toujours la plénitude, quel que tu sois.
Lorsque le monde s’écroule, la vérité
se dresse toujours.
Tu ne peux pas rehausser les gens plus
haut que toi: tu peux monter pour les attirer vers toi; plus tu montes, attire
tes frères à toi; le Christ t’a élevé, lorsqu’il fut levé; tu hausseras tes
frères, si tu t’élèves par la puissance du Christ; si tu t’attires vers lui, tu
attireras avec toi tous ceux qui sont à tes côtés.
Ne vendez pas vos âmes dans les marchés
de ce monde, elles sont très précieuses; quelle qu’elle soit la contre-valeur
que le monde vous en paie, elle reste dérisoire par rapport à leur véritable
valeur. Ne les vendez pas, car le monde ne peut pas vous en rembourser le prix
qui est le sang du Christ, versé entièrement sur la croix.
Le royaume de Dieu n’est pas une fin,
mais un cheminement que tu réalises en toi par la puissance de l’Esprit: pas à
pas, au fil des jours, et dans les petits détails qui emplissent les moments de
ta vie, seconde par seconde.
La méditation consiste à contempler les
choses telles qu’elles sont, et non pas telles que tu conçois dans ton esprit,
ou bien telles que tu veux qu’elles soient.
Tu aimes ta pensée faite sur la
personne et non pas la personne elle-même; tu détestes ton idée faite sur elle
et non pas elle-même; méfie-toi, ne juge pas, ne te fais pas d' idées contre
quiconque; les préjugés sont des lentilles colorées à travers lesquelles tu vois
les autres avec leur couleur et non pas la vraie couleur des
autres.
Mets-toi dans la tête la sagesse de la
nature, dans le cœur sa beauté, dans l’esprit sa force perpétuelle de
renouvellement.
Quand tu commets une faute,
reconnais-la; avoue ta peccadille, confesse-la, et corrige-toi comme tu peux;
l’erreur avouée te rend grand et ne te rabaisse pas; corrige ce que tu peux
corriger; le reste, confesse-le à Dieu qui redressera l’incorrigible par rapport
à toi, et compensera l’irrécupérable par toi… Ne justifie pas ta faute par tes
bonnes intentions, car elles ne te mèneront pas au ciel; il faut que tes œuvres
soient bonnes comme tes intentions; ce qui importe, ce sont les fruits de tes
actes et la conséquence de tes discours et non pas tes bonnes intentions; la
bonne intention est l’argument de l’ignorant, et l’ignorance ressemble au
sommeil dont il faut sortir pour réaliser que l’on dormait. Réveille les
endormis et après s’être réveillés, ils comprendront qu’ils dormaient; ne parle
pas avec un dormeur, car il ne t’entendra pas; réveille-le avant, puis parle
avec lui.
Plus la sainteté croît en l’homme, plus
il cesse de la saisir, et lorsqu’il prend connaissance de sa sainteté, elle
s’anéantit.
Tourne le mot dans ta tête, comme le
jeteur tourne le caillou avec la fronde et ne le lâche que s’il est sûr de viser
sa cible; le mot dans ta bouche est comme le caillou dans la fronde; si tu le
lances, tu ne pourras plus le récupérer; si ton mot ne vise pas la cible, il
nuira; si le mot est inadéquat, il causera du mal. Évite l’usage des mots
polyvalents, utilise la parole qui ne porte qu’une seule interprétation; sois un
bon exemple au lieu de donner de bons conseils.
Chaque fois que tu vois une faute,
corrige-la dans le silence au lieu de reprocher
verbalement.
Que la pierre soit dans la nature,
exposée au soleil, ou dans la rivière cachée dans l’eau, ou plongée dans le
parfum, ou trempée dans l’encens, ou bien enduite de couleur, elle demeure une
pierre; la roche ne donne que des moellons, des pierres, des cailloux et du
sable; et quoiqu’on la polisse, dans les meilleurs des cas, il n’en sort que de
la poussière.
Il faut toujours bien discerner entre
tes désirs et tes besoins; l’homme désire beaucoup de choses dont il n’a pas
besoin, et lui manquent beaucoup de choses qu’il ne désire pas; ta fortune
compte par le peu que tu as et non pas par l’abondance de ta possession; ce que
tu crois posséder dans ce monde, c’est lui qui te possède en réalité; ce que tu
crois qu’il est sous ta domination dans le monde, c’est lui qui te domine en
réalité; toutes les choses dont tu es maître, tu y es l’associé du démon; tu
existes dans ce monde pour donner et servir, non pas pour posséder, dominer et
commander.
Il y a une grande différence entre
l’implication et l’engagement; engage-toi dans l’Église sans t’impliquer dans la
communauté.
La direction empruntée est plus
importante que la vitesse adoptée; à quoi bonnes ta rapidité et ton accélération
si la direction a été mal choisie?
Ne commence rien sur la terre, s’il ne
trouve pas sa fin au ciel; ne marche pas sur un chemin qui n’aboutit pas au
ciel.
Tes cinq sens sont incomplets, ta
sensibilité les complète.
Tu ne peux pas être saint sans devenir
homme avant.
Les choses qui s’effectuent en toi sont
plus importantes que celles qui se déroulent dans ta vie.
Discerne toujours entre l’occasion et
la tentation; saisir l’occasion se diffère de la capitulation devant la
tentation; car chercher à profiter d’une occasion est une initiative au bien,
tandis que la soumission à la tentation est une dégringolade vers le
mal.
Le péché ressemble au poison; pécher
c’est prendre du poison; car c’est bien toi qui seras empoisonné; et alors, peu
importe le comment tu l’as bu ou la personne qui te l’aura donné; quand tu
t’empoissonnes et que tu meurs, il sera vain de blâmer
autrui.
L’homme ignorant s’accroche à la
poussière jusqu’à ce qu’il devienne poussière; l’homme sage et avisé tient au
ciel jusqu’à ce qu’il l’atteigne; l’endroit dont tu es épris, tu y
appartiens.
Tout ce qui entre en toi et que tu le
reçois, ne t’appartient pas; par contre, ce qui émane de toi et que tu le
donnes, c’est tien; ton estime ne réside pas dans ce que tu reçois, mais dans ce
qui émane de toi; ce qu’on te donne ne devient pas toi-même, tu seras toi-même
dans ce que tu donnes; tout ce que
tu introduis en toi, sans en rien posséder, transforme-le en sainteté émanant de
toi, par la puissance de l’Esprit, et il sera capable de te donner tout en
possession.
Sur le chemin du Seigneur, si tu
recules d’un pas, le démon te fait reculer dix; si tu avances d'un pas, le
Seigneur t'aidera à en faire cent.
Celui qui passe toute sa vie à
carillonner la cloche de l'Église, ce n'est pas lui qui entrera nécessairement
au ciel et sauvera son âme; le meilleur est qu'il entende la cloche de sa
conscience quand elle sonne le péché; nombreux sont ceux qui carillonnent la
cloche de l'Église pour ne pas entendre celle de leur
conscience.
Ne mange pas à satiété, mange pour
faire taire ta faim; car l'homme sait quand il n'a plus faim et ignore quand il
peut se rassasier. Le rassasiement de l'homme est
illimité.
La suavité de la chasteté est plus
délicieuse que le saveur sexuel.
Ce n'est pas le vin qui enivre l'homme,
c'est toujours l'homme qui se soûle.
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